Qu’elle est belle avec ses grands yeux,
Ses yeux profonds, mystérieux
Comme le ciel où se déplie
L’ombre des soirs silencieux !
Un amour insensé me lie !
Neige blanche des hauts sommets,
Son âme froide n’a jamais
Compris les tourments de ma vie :
O morts paisibles, désormais
C’est à vous que je porte envie !
Ainsi je racontais mes maux
Aux rochers, aux sombres rameaux,
Éveillant la nuit endormie ;
Et partout j’entendais ces mots :
— Qu’elle est cruelle, ton amie !
Au bord du fleuve, an fond des bois,
J’allais seul, & pleurant parfois,
Sans rayon & sans poésie,
J’allais errant, — lorsque sa voix !…
Combien mon âme fut saisie !
Lorsque sa voix !… Souffles des cieux,
Chœurs des Esprits harmonieux,
Célébrez ma joie infinie,
Dites le mot délicieux
Par qui ma peine fut bannie !