Fatigué des méchants et des sots : — soucieux
Des lâchetés d’un monde immoral et factice,
Je fuis vers l’horizon d’où viendra la Justice,
Et je hais les vivants quand je songe aux aïeux.

Une femme, aux baisers chastes et sérieux,
A trempé ma fierté dans son amour...

Bien des siècles depuis les siècles du Chaos,
La flamme par torrents coula de ce cratère,
Et ce pic ébranlé d’un éternel tonnerre
A flamboyé plus haut que les Chimborazos.

Tout s’est éteint. La nuit n’a plus rien qui l’éclaire.
Aucun grondement sourd n’éveille les...

J’obéis aux vouloirs d’une fille aux yeux pers.
En regardant ses yeux, je pense aux mers profondes
Dont l’abîme inconnu désespère les sondes :
Si je veux lire au fond de ses yeux, je m’y perds.

Qui jamais résoudra le bizarre problème
De son cœur ?… Est-ce moi, qui...

Des enfants qui souffraient parce qu’ils étaient nés,
Des femmes qui mouraient pour les avoir fait naître,
Des hommes qui criaient comme font les damnés,
Et qui voulaient la mort afin de ne plus être ;

Des vieillards qui traînaient, — mornes, abandonnés,
Le néant...

Poet: Jean Lahor

Si chétive, une haleine, une âme,
L’orpheline du porte-clés
Promenait dans la cour infâme
L’innocence en cheveux bouclés.

Elle avait cinq ans ; son épaule
Était blanche sous les haillons,
Et, libre, elle emplissait la geôle
D’éclats de rire et de rayons...

Vent, flèche, oiseau, tu passes
A travers les espaces
Où le jour s’alluma,
Brillant Kâma !

L’ombre diminuée
Voit flotter la nuée
De tes parfums ravis
...

Malgré le froid, le ciel est en fête, et l’azur,
Pâle encore, adoucit la lumière adorable ;
Penché sur l’horizon, le soleil favorable
Se répand et ne laisse aucun détail obscur.

La colline montrant au loin sur un fond pur
Le profil dépouillé d’un saule ou d’un...

Oh ! qui dira jamais, conque fine et nacrée,
Dans combien d’océans, pendant combien d’hivers,
Tu supportas, au choc enflammé des éclairs,
L’assaut tumultueux de la haute marée !

Maintenant, sous le ciel, parmi les fucus verts,
Tu t’es fait un doux lit dans l’arène...

C’est une grande allée à deux rangs de tilleuls.
Les enfants, en plein jour, n’osent y marcher seuls,
Tant elle est haute, large et sombre.
Il y fait froid l’été presque autant que l’hiver ;...

Que tes yeux sont charmants et profonds : ils sont plus
Immenses que la mer et plus infinis qu’elle :
Les horizons, qu’emplit la houle de son flux,
Sont moins lointains que ceux qu’on voit en ta prunelle.

Ma contemplation s’abîme dans tes yeux,
Mer idéale dont les...