Le Parnasse contemporain/1866/Fleurs de feu

Bien des siècles depuis les siècles du Chaos,
La flamme par torrents coula de ce cratère,
Et ce pic ébranlé d’un éternel tonnerre
A flamboyé plus haut que les Chimborazos.

Tout s’est éteint. La nuit n’a plus rien qui l’éclaire.
Aucun grondement sourd n’éveille les échos.
Le sol est immobile, et le sang de la Terre,
La lave, en se figeant, lui laissa le repos.

Pourtant, dernier effort de l’antique incendie,
On voit, dans cette lave à peine refroidie,
Éclatant à travers les rocs pulvérisés,

Au milieu du feuillage aigu comme une lance,
Sur la tige de fer qui d’un seul jet s’élance,
S’épanouir la fleur des cactus embrasés.

Collection: 
1971

More from Poet

  • Un des consuls tué, l'autre fuit vers Linterne
    Ou Venuse. L'Aufide a débordé, trop plein
    De morts et d'armes. La foudre au Capitolin
    Tombe, le bronze sue et le ciel rouge est terne.

    En vain le Grand Pontife a fait un lectisterne
    Et consulté deux fois l'oracle...

  • Jadis, à travers bois, rocs, torrents et vallons,
    Errait le fier troupeau des Centaures sans nombre ;
    Sur leurs flancs le soleil se jouait avec l'ombre ;
    Ils mêlaient leurs crins noirs parmi nos cheveux blonds.

    L'été fleurit en vain l'herbe. Nous la foulons
    Seules...

  • Au rude Arès ! A la belliqueuse Discorde !
    Aide-moi, je suis vieux, à suspendre au pilier
    Mes glaives ébréchés et mon lourd bouclier,
    Et ce casque rompu qu'un crin sanglant déborde.

    Joins-y cet arc. Mais, dis, convient-il que je torde
    Le chanvre autour du bois ? -...

  • Le quadrige céleste à l'horizon descend,
    Et, voyant fuir sous lui l'occidentale arène,
    Le Dieu retient en vain de la quadruple rêne
    Ses étalons cabrés dans l'or incandescent.

    Le char plonge. La mer, de son soupir puissant,
    Emplit le ciel sonore où la pourpre se...

  • Sous l'azur triomphal, au soleil qui flamboie,
    La trirème d'argent blanchit le fleuve noir
    Et son sillage y laisse un parfum d'encensoir
    Avec des sons de flûte et des frissons de soie.

    A la proue éclatante où l'épervier s'éploie,
    Hors de son dais royal se penchant...