O toi que le bonheur redoute,
Fatidique vieillard, seul ami du malheur,
Dieu qui portes la faux, éternel moissonneur,
O Temps ! — ma voix t’implore, écoute
Ce vœu, — le dernier vœu que doit gémir mon cœur.

Hâte pour moi ton vol suprême ;
Des espoirs...

 
Inque situm furtim musa trahebat opus!

Ovidius.

I

Au temps que j’étais pur et tout léger d’années.
Quand, pensif écolier, je rêvais dans les bois,
Toutes les nuits, alors, de roses couronnées,
S’inclinaient sur ma couche, avec de douces voix...

Es-tu donc bien parti ? … Je croyais ressentir
Cette vibration dont j’aimais à jouir
Quand ta voix s’élevait tranquille, harmonieuse,
Et frappait la paroi de mon oreille heureuse.
Oh ! ce n’était hélas ! que le soupir d’été
À la brise venant parler d’éternité....

 
Des flots du temps apparais, ma bien-aimée,
Avec tes bras marmoréens, avec ta longue chevelure blonde
Et ta face, diaphane comme la face de la blanche cire,
Amaigrie par l’ombre des douleurs poignantes !
De ton doux sourire tu consoles mes yeux,
O femme...

Le fleuve du temps dans son emportement
Éparpille au loin les œuvres des Hommes
Et noie dans l’abîme de l’oubli
Tous les peuples, les royaumes et leurs rois
Et si quelque chose doit subsister
Par le son du cor et de la lyre
Le gouffre de l’éternité le dévorera...

Combien vas-tu tuer d’hommes, sombre Océan ?
Tu portes aujourd’hui ta couronne d’écume ;
Et la folle poussière étincelante fume
Sur les gouffres où l’œil plonge dans le néant.

Des sillons longs et noirs rident ton sein béant ;
Leurs bords, frangés de blanc,...

Je vis dans la nuée un clairon monstrueux.

Et ce clairon semblait, au seuil profond des cieux,
Calme, attendre le souffle immense de l’archange.

Ce qui jamais ne meurt, ce qui jamais ne change,

L’entourait. À travers un frisson, on sentait
Que ce buccin fatal,...

Poet: Victor Hugo

J’aime dans le temps Clara d’Ellébeuse,
l’écolière des anciens pensionnats,
qui allait, les soirs chauds, sous les tilleuls
lire les magazines d'autrefois.

Je n’aime qu’elle, et je sens sur mon cœur
la lumière bleue de sa gorge blanche.
Où est-elle ?...

 
Quand le temps sur nos fronts efface par degré
L'enfance et les reflets de cet âge doré,
Arrive la jeunesse avec toute sa sève ;
Et par un jet nouveau le corps monte et s'élève,
Et toujours monte ainsi, jusques à son été,
Au faîte radieux de sa virilité....

Quelle soie aux baumes de temps
Où la Chimère s’exténue
Vaut la torse et native nue
Que, hors de ton miroir, tu tends !

Les trous de drapeaux méditants
S’exaltent dans notre avenue :
Moi, j’ai ta chevelure nue
Pour enfouir mes yeux contents.

Non...