« Quand le temps sur nos fronts »

 
Quand le temps sur nos fronts efface par degré
L'enfance et les reflets de cet âge doré,
Arrive la jeunesse avec toute sa sève ;
Et par un jet nouveau le corps monte et s'élève,
Et toujours monte ainsi, jusques à son été,
Au faîte radieux de sa virilité.
Et la pensée aussi va croissant d'âge en âge ;
Mais un regret la suit à travers son voyage,
Hélas ! Car rien ne vaut le peu qu'on a quitté :
Tout ce qu'on gagne en force, on le perd en beauté.

Collection: 
1826

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Ô maison du Moustoir ! combien de fois la nuit,
Ou quand j'erre le jour dans la foule et le bruit,
Tu m'apparais ! - Je vois les toits de ton village
Baignés à l'horizon dans des mers de feuillage,
Une grêle fumée au-dessus, dans un champ
Une femme de loin appelant...

À Berthel.

Avec une jeune veuve,
Tendre encor, j'en ai la preuve,
Parlant breton et français
En causant de mille choses,
Par la bruyère aux fleurs roses,
Tout en causant je passais.

C'était en juin, la chaleur était grande
Sur le sentier qui...

Je crois l'entendre encor, quand, sa main, sur mon bras,
Autour des verts remparts nous allions pas à pas :
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Un morne et froid désert, où la nuit recommence ;
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Tout...

Ô mes frères, voici le beau temps des vacances !
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Je veux voir mon pays, notre petit domaine ;
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Écris-moi, mon ami, si devant ta faucille
Le seigle mûr de couleuvres fourmille ;
Dis-moi, brave Berthel, si les chiens altérés
Errent par bande aux montagnes d'Arréz.

Hélas ! durant ce mois d'ardente canicule,
Tout fermente ; et partout un noir venin circule....