Théodore de Banville

  • Je n'ai pas renié la Lyre. Je puis boire
    Encor dans la fontaine à la profondeur noire,
    Où le Rhythme soupire avec les flots divins.
    Ô Déesse, j'étais un enfant quand tu vins
    Pour la première fois baiser ma chevelure.
    J'étais comme un avril en fleur. Nulle souillure...

  •  
    O champs pleins de silence,
    Où mon heureuse enfance
    Avait des jours encor
      Tout filés d'or !

     O ma vieille Font-Georges,
    Vers qui les rouges-gorges
    Et le doux rossignol
      Prenaient leur vol !

    Maison blanche où la vigne
    Tordait en...

  •  
          Lecteur, prompt à nous consoler,
          Toi qui sais encore voler,
          Comme l’abeille, au miel attique,
          Ton enthousiaste rumeur
          Encourage le doux rimeur,
          O voix émue et sympathique !

          O mon ami, c’est déjà vieux !...

  •  
          Comme l’autre Ophélie,
          Dont la douce folie
          S’endort en murmurant
               Dans le torrent,

          Pâle, déchevelée
          Et dans l’onde étoilée
          Éparpillant encor
               Ses tresses d’or,

          Et comme...

  • Enfant dont la lèvre rit
    Et, gracieuse, fleurit
    Comme une corolle éclose,
    Et qui sur ta joue en fleurs
    Portes encor les couleurs
    Du soleil et de la rose !

    Pendant ces jours filés d'or
    Où tu ressembles encor
    À toutes les choses belles,
    Le...

  • George Sand ! ô beauté, cœur, âme, esprit, génie,
    Rien n'a troublé jamais ton effort valeureux,
    Et ta pensée, en pleurs comme une Iphigénie,
    Combattait pour le pauvre et pour le malheureux.

    Car tu les as chéris comme une douce mère.
    Femme, tu partageas leur deuil...

  •  
    La Beauté, fatal aimant,
    Est pareille au diamant
    Que la fange peut mouiller
    Sans le souiller.

    Jusqu’au milieu du ruisseau,
    L’éclat pur de son berceau
    Garde un...

  •  
          La fille du gai Thespis
               Est tout endormie
          Et penche son front de lys
               Sur sa main blêmie.
          Ses Bacchantes aux doux yeux
          Ne versent plus le vin vieux ;
          Assez de pleurs ! j’aime mieux
               L’...

  • Hélas ! qu'il fut long, mon amie,
    T'en souvient-il ?
    Ce temps de douleur endormie,
    Ce noir exil

    Pendant lequel, tâchant de naître
    À notre amour,
    Nous nous aimions sans nous connaître !
    Oh ! ce long jour,

    Cette nuit où nos voix se turent,
    ...

  •  
          Comme sur un beau lac où le feuillage tremble,
          Deux cygnes dans l’azur au loin voguent ensemble ;
          Comme deux fiers chevaux, buvant au flot des airs,
          Courent échevelés dans le feu des déserts ;
          Comme en un bas-relief plus blanc que les...