Théodore de Banville

  • Pendant ce triſte Octobre pluvieux,
    Que le ciel mouille & que le vent balaie,
    Mon livre, jeune en même temps que vieux,
    Où notre ſiècle a vu ſaigner ſa plaie,
    Comme il convient, fut imprimé chez Claye.
    Il ne contient ni fiel...

  • O cher Paris, toi vers qui l’univers
    Tourne ses yeux et son âme ravie,
    Toi qui chéris la peinture et les vers,
    J’ai pour le mieux contenté mon envie
    De te montrer des Scènes de la Vie.
    Oh ! que ne puis-je, écolier de Marot,...

  •  
          Ma sœur, ma sœur, n’est-il pas de défense
               Contre l’affront du temps ?
          Qui les a pris, ces jours de notre enfance
               Où, les cheveux flottants,

          Beaux, enviés par les mères jalouses,
               Couple au regard vermeil,...

  •  

    Sur ton front brun comme la nuit,
    Maître, aucun fil d’argent ne luit,
    Et nul Décembre sacrilège,
             Ne met sa neige.

    Pourtant, dans ton labeur sacré,
    Tu te vois déjà vénéré,
    Ô génie immense et tranquille,
             Comme un Eschyle.

    ...
  •  
    Ô Vénus de Milo, guerrière au flanc nerveux,
    Dont le front irrité sous vos divins cheveux
    Songe, et dont une flamme embrase la paupière,
    Calme éblouissement, grand poème de pierre,
    Débordement de vie avec art compensé,
    Vous qui depuis mille ans avez toujours...

  •  
    Enfant au hasard vêtu,
         D'où viens-tu
    Avec ta chanson bizarre ?
    D'où viennent à l'unisson
          Ta chanson,
    Ta chanson et ta guitare ?

    Tu livres au doigt vermeil
         Du soleil,
    Qui les dore et les caresse,
    Tes longs cheveux...

  •  

    Allons, insoucieuse, ô ma folle compagne,
    Voici que l’hiver sombre attriste la campagne,
    Rentrons fouler tous deux les splendides coussins ;
    C’est le moment de voir le feu briller dans l’âtre ;
    La bise vient ; j’ai peur de son baiser bleuâtre
             Pour...

  •  
          Ma foi, vous avez bien raison,
          Vous pour qui tout est floraison
               Et violettes
          Parfumant les pieds de vos lys,
          De ne pas célébrer Phyllis
               En odelettes.

          Vous qui pouvez chaque matin,
          Bercé...

  • Ô toi, Gautier ! sage parmi les sages
    Aux regards éblouis,
    Toi, dont l'esprit vécut dans tous les âges
    Et dans tous les pays,

    Tu fus surtout un Grec, et tu contemples
    De tes yeux immortels
    Les purs profils harmonieux des temples
    Dans les bleus archipels...

  •  
          À la porte d’un beau château
          Bâti pendant la Renaissance,
          Une dame au riche manteau,
          Les cheveux baignés d’une essence
          Divine, rit au vert coteau.

          Elle a l’œil superbe et moqueur ;
          Ses sourcils noirs aux...