À Edmond et Jules de Goncourt

 
      Comme sur un beau lac où le feuillage tremble,
      Deux cygnes dans l’azur au loin voguent ensemble ;
      Comme deux fiers chevaux, buvant au flot des airs,
      Courent échevelés dans le feu des déserts ;
      Comme en un bas-relief plus blanc que les étoiles,
      S’avancent le front haut deux vierges aux longs voiles ;
      Comme deux vers jumeaux volent d’un même essor,
      Attachés par la Rime avec des liens d’or ;
      De même, avec amour, frères, vos deux pensées
      Marchent d’un pas égal, l’une à l’autre enlacées.
      O poëtes heureux ! comme dans votre esprit,
      Le même ardent rayon sur vos lèvres fleurit,
      Et, par un double effort, vos âmes fraternelles
      Vers le même Idéal ensemble ouvrent leurs ailes !

Mai 1855.

Collection: 
1843

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  • Par le chemin des vers luisants,
    De gais amis à l'âme fière
    Passent aux bords de la rivière
    Avec des filles de seize ans.
    Beaux de tournure et de visage,
    Ils ravissent le paysage
    De leurs vêtements irisés
    Comme de vertes demoiselles,
    Et ce refrain...

  • Italie, Italie, ô terre où toutes choses
    Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins !
    Paradis où l'on trouve avec des lauriers-roses
    Des sorbets à la neige et des ballets divins !

    Terre où le doux langage est rempli de diphthongues !
    Voici qu'on pense à toi,...

  • A travers le bois fauve et radieux,
    Récitant des vers sans qu'on les en prie,
    Vont, couverts de pourpre et d'orfèvrerie,
    Les Comédiens, rois et demi-dieux.

    Hérode brandit son glaive odieux ;
    Dans les oripeaux de la broderie,
    Cléopâtre brille en jupe fleurie...

  • Grâces, ô vous que suit des yeux dans la nuit brune
    Le pâtre qui vous voit, par les rayons de lune,
    Bondir sur le tapis folâtre des gazons,
    Dans votre vêtement de toutes les saisons !
    Et toi qui fais pâmer les fleurs quand tu respires,
    Fleur de neige, ô Cypris ! toi...

  • Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt !
    Escalade la roche aux nobles altitudes.
    Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,
    Fuis les regrets amers que ton coeur savourait.

    Dès l'heure éblouissante où le matin paraît,
    Marche au hasard ; gravis les sentiers les...