Théodore de Banville

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    L'eau, dans les grands lacs bleus
    Endormie,
    Est le miroir des cieux :
    Mais j'aime mieux les yeux
    De ma mie.

    Pour que l'ombre parfois
    Nous sourie,
    Un oiseau chante au bois :
    Mais j'aime mieux la voix
    De ma mie.

    La rosée, à la...

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    Le canal endort ses flots,
                   Ses échos,
         Et le zéphyr nous verse
         Des parfums purs et doux.
               Le flot nous berce,
              Endormons-nous !

    Les voix emplissent les airs
                   De concerts,
         Et le...

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    Qui veut avant le point du jour,
    Vers le bien-aimé de mon âme,
    Parce que je languis d'amour,
    Porter le secret de ma flamme ?

     O mon cœur, à quel cœur discret
    Peux-tu te confier encore ? -
    Si l'alouette a mon secret,
    Elle ira le dire à l'Aurore...

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         De ce vieux vin que je révère
         Cherchez un flacon dans ce coin.
         Çà, qu’on le débouche avec soin,
         Et qu’on emplisse mon grand verre.

               Chantons Io Paean !

         Le Léthé des soucis moroses
         Sous son beau cristal est...

  • Voix solitaire, ô délaissée !
    Victime tant de fois blessée,
    Chère morte dont l'âme eut faim
    Et soif d'azur, ô Marceline,
    Dors-tu, sous la froide colline ?
    As-tu trouvé le calme, enfin ?

    Quand, parmi la lente agonie,
    La douleur, qui fut ton génie,
    ...

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    Camille, en dénouant sur votre col de lait
    Vos cheveux radieux plus beaux que ceux d'Hélène,
    Égrenez tour à tour, ainsi qu'un chapelet,
    Ces guirlandes de fleurs sur ces tapis de laine.

    Tandis que la bouilloire, éveillée à demi,
    Ronfle tout bas auprès du...

  •  
    C’est un palais du dieu, tout rempli de sa gloire.

    Cariatides sœurs, des figures d’ivoire
    Portent le monument qui monte à l’éther bleu,
    Fier comme le témoin d’une immortelle histoire.

    Quoique l’archer Soleil avec ses traits de feu
    Morde leurs seins polis...

  • Çà, qu’on me laisse, Amour, petit maraud.
    Va ! donne-moi la paix ; je veux écrire,
    À la façon de mon aïeul Marot,
    Qui dans son temps n’eut jamais de quoi frire,
    Quelques Dizains, car il est temps de rire.
    Donc, loin de...

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     Quand je baise, pâle de fièvre,
     Ta lèvre où court une chanson,
     Tu détournes les yeux, ta lèvre
     Reste froide comme un glaçon,
     Et, me repoussant de tes bras,
     Tu dis que je ne t'aime pas.
     
     Mais si je dis : Ce long martyre
     M'a brisé,...

  • Livrée aux léopards anglais par Ysabeau
    Notre France allait être un cadavre au tombeau.
    Elle n'avait plus rien de sa fierté divine,
    Et Suffolk et Talbot lui broyaient la poitrine ;
    Plus de vaillance, plus d'espoir, c'était la fin.
    Affolés par la peur affreuse et par...