Théodore de Banville

  •  
          Ce temps est si sévère
               Qu’on n’ose pas
          Remplir deux fois son verre
               Dans un repas,

          Ni céder à l’ivresse
               De son désir,
          Ni chanter sa maîtresse
               Et le plaisir !

          On...

  •  
          Lorsque avec les sons
          Dont tu les complètes,
          Tu fais des chansons
          De mes odelettes,
          Mille aspects divers
          De grâce physique
          Naissent dans mes vers
          Avec ta musique !

          A ta seule voix,...

  •  
          David, brûlé de pures flammes,
          Dans un chant aux notes divines,
          Pour faire soupirer deux âmes
          Croise des rimes féminines.

          La Volupté ravie embrase
          Tout ce cantique des cantiques,
          Et jamais si suave extase...

  •  
    O poëte ! courbé sur mon œuvre lyrique,
         Ambitieux du ciel,
    Je veux savoir par moi la hauteur chimérique
         Où peut monter Babel.

     Je ferai fourmiller dans mes architectures,
         Tenace en mon dessein,
    Le chœur éblouissant des mille créatures...

  •  
          Odette, vos cheveux vermeils
          Ont le jaune éclat des soleils
          Parmi les moissons enchantées,
          Et caressent en nappes d’or
          Vos tempes plus blanches encor
          Que des étoiles argentées.

          Quand l’aurore rose à demi...

  •  
    O mon père, soldat obscur, âme angélique !
    Juste qui vois le mal d'un oeil mélancolique,
    Sois béni ! je te dois ma haine et mon mépris
    Pour tous les vils trésors dont le monde est épris.
    Oh ! tandis que je vais fouillant l'ombre éternelle,
    Si la Muse une...

  •  
          Plus vite que les autans,
          Saqui, l’immortelle, au temps
          De sa royauté naissante,
          Tourbillonnait d’un pied sûr,
          A mille pieds en l’air, sur
          Une corde frémissante.

          Et l’on craignait que d’un bond
          ...

  •  

    Chanter, mais dans le soir sonore
    Et pour ses amis seulement,
    Fuir le bruit qui nous déshonore
    Et le vil applaudissement ;

    Brûler, mais conserver sa flamme
    Pour le seul but essentiel,
    Être cette espérance, une âme
    Qui chaque jour s’emplit de...

  • Ô ma mère et ma nourrice !
    Toi dont l'âme protectrice
    Me fit des jours composés
    Avec un bonheur si rare,
    Et qui ne me fus avare
    Ni de lait ni de baisers !

    Je t'adore, sois bénie.
    Tu berças dans l'harmonie
    Mon esprit aventureux,
    Et loin du...

  •  
          Avec ses sanglots, l’instrument rebelle,
          Qui sent un pouvoir plus fort que le sien,
          Donne l’harmonie enivrante et belle
               Au musicien.

          Le cheval meurtri, qui saigne et qui pleure,
          Cède au cavalier, rare parmi nous,...