Je t’aime de mon œil unique, je te lorgne
Ainsi qu’un Chinois l’opium :
Je t’aime aussi de mon amour borgne,
Fille aussi blanche qu’un arum.
Je veux tes paupières de bistre,
Et ta voix plus lente qu’un sistre ;
Je t’aime de mon œil sinistre
Où...
Renée Vivien
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« Je ne veux que le sourire de ta bouche… »Dis, que veux-tu de moi qui t’aime, ô mon souci
Et comment retenir ton caprice de femme ?
Prends mes anneaux… Prends mes colliers… Et prends aussi
Ce que j’ai de plus rare... -
Vous craignez le Désir, ô compagnons d’Ulysse.
Aveugles et muets, l’âme close au péril
De la voix qui ruisselle et du rire subtil,
Vous rêvez des foyers qui recueillent l’exil
Aux pieds lassés. Moi seul, ô compagnons d’Ulysse,
Moi seul ai dédaigné la fraude et l’... -
Le soir ranime un peu le parfum de ces fleurs.
Si vous voulez bien, admirons-les ensemble.Mon cœur est affranchi de ses vieilles douleurs
Et ma sérénité ne veille, ni ne tremble.Il est tant de beauté sur la terre. Voyez,
Elle est... -
Ô si le Seigneur penchait son front sur mon trépas,
Je lui dirais : « Ô Christ, je ne te connais pas.« Seigneur, ta stricte loi ne fut jamais la mienne,
Et je vécus ainsi qu’une simple païenne.« Vois l’ingénuité de mon cœur pauvre et nu.
Je ne te connais... -
Des gouttes d’eau, — de l’eau de mer,
Mêlent leur lumière fluide,
Pâle comme les flots d’hiver,
À tes longs doigts d’Océanide.Comment décrire le...
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Tout s’élargit. Le soir qui tombe est magnifique
Et vaste… Comme un Doge amoureux de la mer,
Parmi l’effeuillement des roses, la musique
Des luths, l’or... -
L’espoir de vivre ailleurs des jours clairs m’abandonne
Et je célèbre ici la fête de l’automne.Au-dessus de ma porte, avec un regret doux
Et chantant, je suspends les guirlandes d’or rouxQu’une femme au regard que nulle mort n’étonne...
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Toi qui hantes mes nuits cruelles, ô Démon !
Qui vient ouvrir sur moi tes prunelles hagardes
Et qui te tiens debout dans la chambre et regardes,
Emporte-moi sur tes ailes de goémon !Tu règnes sur mon cœur implacable et suprême !
Que... -
Une odeur fraîche, un bruit de musique étouffée
Sous les feuilles, et c’est Viviane la fée.Elle imite, cachée en un fouillis de fleurs,
Le rire suraigu des oiseaux persifleurs.Souveraine fantasque, elle s’attarde et rôde
Dans la forêt, comme en un palais...