À une ombre aimée

 
    L’espoir de vivre ailleurs des jours clairs m’abandonne
    Et je célèbre ici la fête de l’automne.

    Au-dessus de ma porte, avec un regret doux
    Et chantant, je suspends les guirlandes d’or roux

    Qu’une femme au regard que nulle mort n’étonne
    Vint tresser, en pleurant sur la mort de l’automne…

    Ma maîtresse d’hier, nous ne fûmes jamais
    Un couple harmonieux… Autrefois, je t’aimais..

    Je goûte en ce baiser que ta bouche me donne
    L’odeur de l’herbe humide et des feuilles d’automne,

    L’odeur lourde des lourds raisins, et cette odeur
    De pavots morts que jette au loin le vent rôdeur…

    Seule dans mon jardin fané je me couronne
    De feuillages et de violettes d’automne…

Collection: 
1897

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