Allons dans le soir

 
    Le soir ranime un peu le parfum de ces fleurs.
    Si vous voulez bien, admirons-les ensemble.

    Mon cœur est affranchi de ses vieilles douleurs
    Et ma sérénité ne veille, ni ne tremble.

    Il est tant de beauté sur la terre. Voyez,
    Elle est belle, comme en sa naissance première.

    Voici que, sous nos pas, des astres dévoyés
    Jettent, superbement, leurs éclats de lumière.

    Voici descendre enfin sur nous la belle nuit
    Si douce à qui se meurt, à qui se désespère,

    Où notre âme, fluide ainsi qu’une eau, s’enfuit
    Sans ancres et sans mâts et sans points de repère.

    Pour ceux qui sont lassés de l’azur et du jour,
    Le soir est un asile, un sanctuaire, un temple.

    … Pourquoi me parlez-vous d’amour, toujours d’amour ?
    Je suis tranquille et suis assise et je contemple.

Collection: 
1897

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