François Coppée

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    Il fait froid. Rentrons vite. Il fait froid. Les gamins
    Achètent des marrons pour se chauffer les mains
    Et courent en frappant des pieds, comme en colère.
    Dans le ciel bleu d’acier, un ciel de nuit polaire,
    Le dur scintillement des étoiles s’accroît.
    Les...

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    Ô rare fleur, ô fleur de luxe et de décor,
    Sur ta tige toujours dressée et triomphante,
    Le Velasquez eût mis à la main d’une infante
    Ton calice lamé d’argent, de pourpre et d’or.

    Mais, détestant l’amour que ta splendeur enfante,
    Maîtresse esclave, ainsi...

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    D’UNE somme hier dissipée
    Il me reste une pièce encor.
    Elle est brillante et bien frappée :
    C’est un vieux napoléon d’or.

    Pris d’une tristesse soudaine,
    Je vois luire, au creux de ma main,
    Le front lauré du capitaine
    Et son fier...

  • Vous portez, mon bel officier,
    Avec une grâce parfaite,
    Votre sabre à garde d’acier ;
    Mais je songe à notre défaite.

    Cette pelisse de drap fin
    Dessine à ravir votre taille ;
    Vous êtes charmant ; mais enfin.
    Nous avons perdu la bataille.

    On lit...

  • Je vois fleurir, assis à ma fenêtre,
    L’humble lilas de mon petit jardin,
    Et son subtil arome qui pénètre
    Vient jusqu’à moi dans le vent du matin

    Mais je suis plein d’une colère injuste,
    Car ma maîtresse a cessé de m’aimer,
    Et je reproche à l’innocent arbuste...

  • Mon rêve, par l’amour redevenu chrétien,
    T’évoque à ses côtés, ô doux ange gardien,
    Divin et pur esprit, compagnon invisible
    Qui veilles sur cette âme innocente & paisible !
    N’est-ce pas, beau soldat des phalanges de Dieu,
    Qui, pour la protéger, fais toujours,...

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    Telle, sur une mer houleuse, la frégate
    Emporte vers le Nord les marins soucieux,
    Telle mon âme nage, abîmée en tes yeux,
    Parmi leur azur pâle aux tristesses d’agate.
    Car j’ai revu dans leur nuance délicate
    Le mirage lointain des Édens et des cieux
    ...

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    O toi dont la science et le constant effort
    Ont si souvent vaincu la douleur et la mort,
    O cerveau puissant et fertile,
    De l’univers qui souffre obstiné bienfaiteur,
    Pardonne si ma voix interrompt, ô Pasteur,
    Un instant ton travail utile !

    Le genre...

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    SALUT, César ! Pour toi les pâles Destinées
    Comptent-elles les jours, les mois ou les années ?
    Pour un brave la mort n’est rien :
    Tu l’affrontas jadis sur les champs de carnage ;
    A présent, tu l’attends sans peur, étant un sage.
    Tu te meurs...

  • Du couvent troublant le silence,
    Arrive, avec son bruit pressé,
    Une voiture d’ambulance.
    On amène un soldat blessé.

    Sur sa capote le sang brille ;
    Il boite, éreinté par l’obus.
    Son fusil lui sert de béquille
    Pour descendre de l’omnibus.

    C’est un...