Il fait froid. Rentrons vite. Il fait froid. Les gamins
Achètent des marrons pour se chauffer les mains
Et courent en frappant des pieds, comme en colère.
Dans le ciel bleu d’acier, un ciel de nuit polaire,
Le dur scintillement des étoiles s’accroît.
Les ruisseaux sont gelés. Rentrons vite. Il fait froid.
Tu me serres le bras bien fort, pauvre petite.
Je te sens frissonner. Il fait froid. Rentrons vite,
Et montons l’escalier quatre à quatre... Grand Dieu !
Dans la chambre, on n’a rien préparé pour le feu.
Nous grelottons. J’allume une triste bougie.
Au bord du canapé, blême, sans énergie,
Gardant voile, fourrure et manchon, tu t’assieds.
Comme il fait froid ! Je pousse un coussin à tes pieds
Et j’y tombe à genoux, sans quitter ma pelisse.
C’est si drôle, que tu souris avec malice.
Voilà des amoureux qui ne sont pas fringants !
Nous nous prenons les mains, mais sans ôter nos gants,
Et nous partons d’un grand éclat de rire ensemble...
Oui ! mais je deviens fou, quand tu ris. Il me semble
Qu’il fait meilleur. Glissant mes mains sous ton manteau,
Je te serre en mes bras comme dans un étau.
Je me réchauffe là. Tant pis pour ta toilette !
Levant du bout du nez le bord de ta voilette,
Je te donne un baiser, et me sens ― que c’est doux ! ―
Au travers de ta jupe étreint par tes genoux.
Elle tiédit enfin, ta bouche jeune et pure ;
Mes lèvres vont chercher ton cou dans la fourrure ;
Contre mon cœur, ton cœur ému fait un sursaut ;
Tu pousses un soupir... Dis donc, comme il fait chaud !