J’ai tant vécu, chétif, en ma langueur,
Qu’or j’ai vu rompre, et suis encore en vie,
Mon espérance avant mes yeux ravie,
Contre l’écueil de sa fière rigueur.
Que m’a servi...
N’ayez plus mes amis, n’ayez plus cette envie
Que je cesse d’aimer, laissez-moi obstiné,
Vivre et mourir ainsi, puisqu’il est ordonné,
Mon amour c’est le fil, auquel se tient ma vie.
Ainsi me dit la fée, ainsi en Æagrie
Elle fit Méléagre à l’...
Ô vous maudits sonnets, vous qui prîtes l’audace
De toucher à ma dame : ô malins et pervers,
Des Muses le reproche, et honte de mes vers :
Si je vous fis jamais, s’il faut que je me fasse
Ce tort de confesser vous tenir de ma race,
Lors pour...
PARDON AMOUR, pardon, ô Seigneur je te voue
Le reste de mes ans, ma voix et mes écrits,
Mes sanglots, mes soupirs, mes larmes et mes cris :
Rien, rien tenir d’aucun que de toi, je n’avoue.
Hélas comment de moi, ma fortune se joue.
De toi n’a pas...
C'est fait mon cœur, quittons la liberté.
De quoi me huy servirait la défense,
Que d'agrandir et la peine et l'offense ?
Plus ne suis fort, ainsi que j'ai été.
La raison fut un temps de mon côté,
Or révoltée elle veut que je pense
Qu'il...
Vous qui aimer encore ne savez,
Ores m’oyant parler de mon Léandre,
Ou jamais non, vous y devez apprendre,
Si rien de bon dans le cœur vous avez,
Il osa bien branlant ses bras lavés,
Armé d’amour, contre l’eau se défendre,
Qui pour tribut...
Ce dit maint un de moi, de quoi se plaint-il tant,
Perdant ses ans meilleurs en chose si légère ?
Qu’a-t-il tant à crier, si encore il espère ?
Et s’il n’espère rien, pourquoi n’est-il content ?
Quand j’étais libre et sain j’en disais bien autant....
Quand à chanter ton los, parfois je m’aventure,
Sans oser ton grand nom, dans mes vers exprimer,
Sondant le moins profond de cette large mer,
Je tremble de m’y perdre, et aux rives m’assure.
Je crains en louant mal, que je te fasse injure.
Mais...
Oh l’ai-je dit ? Hélas l’ai-je songé ?
Ou si pour vrai j’ai dit blasphème-t-elle ?
S’a fausse langue, il faut que l’honneur d’elle
De moi, par moi, de sur moi, soit vengé.
Mon cœur chez toi, ô madame, est logé :
Là donne-lui quelque gêne...
Ce n’est pas moi que l’on abuse ainsi :
Qu’à quelque enfant ses ruses on emploie,
Qui n’a nul goût, qui n’entend rien qu’il oie :
Je sais aimer, je sais haïr aussi.
Contente-toi de m’avoir jusqu’ici
Fermé les yeux, il est temps que j’y voie :...