Étienne de La Boétie

  • N'ayez plus, mes amis, n'ayez plus ceste envie
    Que je cesse d'aimer ; laissés moi, obstiné,
    Vivre et mourir ainsi, puisqu'il est ordonné :
    Mon amour, c'est le fil auquel se tient ma vie.

    Ainsi me dict la fee ; ainsi en Aeagrie,
    Elle feit Meleagre à l'amour...

  • Ô, entre tes beautez, que ta constance est belle !
    C'est ce coeur asseuré, ce courage constant,
    C'est, parmy tes vertus, ce que l'on prise tant :
    Aussi qu'est il plus beau qu'une amitié fidelle ?

    Or, ne charge donc rien de ta soeur infidele,
    De Vesere, ta soeur...

  • Je veux qu'on sçache au vray comme elle estoit armee
    Lors qu'elle print mon coeur au dedans de son fort,
    De peur qu'à ma raison on n'en donne le tort,
    Et de m'avoir failli qu'elle ne soit blasmee.

    Sa douceur, sa grandeur, ses yeulx, sa grace aimee,
    Fut le reng...

  • Je publiëray ce bel esprit qu'elle a,
    Le plus posé, le plus sain, le plus seur,
    Le plus divin, le plus vif, le plus meur,
    Qui oncq du ciel en la terre vola.

    J'en sçay le vray, et si cest esprit là
    Se laissoit voir avecques sa grandeur,
    Alors vrayment...

  • Où qu'aille le Soleil, il ne voit terre aucune,
    Où les maulx que tu fais ne te facent nommer.
    Mais de toy icy bas qu'en doit l'on presumer,
    Quand de ton pere aussi tu n'as mercy pas une ?

    Ta force en terre, au ciel, par tout le monde est une :
    L'oiseau par l'air...

  • J'ay veu ses yeulx perçans, j'ay veu sa face claire ;
    Nul jamais, sans son dam, ne regarde les Dieux :
    Froit, sans coeur me laissa son oeil victorieux,
    Tout estourdy du coup de sa forte lumiere :

    Comme un surpris de nuict aux champs, quand il esclaire,
    Estonné...

  • Elle est malaade, helas ! que faut-il que je face ?
    Quel confort, quel remede ? Ô cieux, et vous m'oyez
    Et tandis devant vous, ce dur mal vous voyez
    Oultrager sans pitié la douceur de sa face !

    Si vous l'ostez, cruels, à ceste terre basse,
    S'il faut d'elle là haut...

  • Au milieu des chaleurs de Juillet l'alteré,
    Du nom de Marguerite une feste est chomee,
    Une feste à bon droit de moy tant estimee :
    Car de ce jour tout l'an ce me semble est paré.

    Ce beau et riche nom, ce nom vrayment doré,
    C'est le nom bienheureux dont ma Dame...

  • Enfant aveugle, nain, qui n'as autre prouësse,
    Sinon en trahison quelque flesche tirer,
    Qui n'as autre plaisir sinon de deschirer
    En cent pieces les coeurs de la folle jeunesse ;

    Le corps sans honte nud si ton pere te laisse,
    Il monstre qu'on se doit loing de...

  • Amour, lors que premier ma franchise fut morte,
    Combien j'avois perdu encor je ne sçavoy,
    Et ne m'advisoy pas, mal sage, que j'avoy
    Espousé pour jamais une prison si forte.

    Je pensoy me sauver de toy en quelque sorte,
    Au fort m'esloignant d'elle ; et maintenant...