Étienne de La Boétie

  • Toy qui oys mes souspirs, ne me sois rigoureux,
    Si mes larmes à part, toutes mienes, je verse,
    Si mon amour ne suit en sa douleur diverse
    Du Florentin transi les regretz langoureux,

    Ny de Catulle aussi, le foulastre amoureux,
    Qui le coeur de sa dame en...

  • Vous qui aimez encore ne sçavez,
    Ores, m'oyant parler de mon Leandre,
    Ou jamais non, vous y debvez aprendre,
    Si rien de bon dans le coeur vous avez.

    Il oza bien, branlant ses bras lavez,
    Armé d'amour, contre l'eau se deffendre
    Qui pour tribut la fille...

  • Lors que lasse est de me lasser ma peine,
    Amour, d'un bien mon mal refreschissant,
    Flate au coeur mort ma playe languissant,
    Nourrit mon mal, et luy faict prendre alaine.

    Lors je conçoy quelque esperance vaine ;
    Mais aussi tost ce dur tyran, s'il sent
    ...

  • J'ay fait preuve des deux, meshuy je le puis dire :
    Sois je pres, sois je loing, tant mal traicté je suis,
    Que choisir le meilleur à grand' peine je puis,
    Fors que le mal present me semble tousjours pire.

    Las ! en ce rude choix que me fault il eslire ?
    Quand je...

  • Ce sont tes yeux tranchants qui me font le courage.
    Je vois sauter dedans la gaie liberté,
    Et ...

  • Puisqu’ainsi sont mes dures destinées,
    J’en soûlerai, si je puis, mon souci.
    Si j’ai du mal, elle le veut aussi.
    J’accomplirai mes peines ordonnées

    Nymphes des bois qui avez étonnées,
    De mes douleurs, je crois quelque merci,
    Qu’en pensez-...

  • Or dis-je bien, mon espérance est morte.
    Or est-ce fait de mon aise et mon bien.
    Mon mal est clair : maintenant je vois bien,
    J’ai épousé la douleur que je porte.

    Tout me court sus, rien ne me réconforte,
    Tout m’abandonne et d’elle je n’ai rien...

  • Jà reluisait la benoîte journée
    Que la nature au monde te devait,
    Quand des trésors qu’elle te réservait
    Sa grande clé, te fut abandonnée.

    Tu pris la grâce à toi seule ordonnée,
    Tu pillas tant de beautés qu’elle avait :
    Tant qu’elle, fière...

  • Si contre amour je n’ai autre défense
    Je m’en plaindrai, mes vers le maudiront,
    Et après moi les roches rediront
    Le tort qu’il fait à ma dure constance.

    Puisque de lui j’endure cette offense.
    Au moins tout haut, mes rythmes le diront,
    Et...

  • Quand tes yeux conquérants étonné je regarde,
    J’y vois dedans au clair tout mon espoir écrit,
    J’y vois dedans amour, lui-même qui me rit,
    Et me montre mignard le bonheur qu’il me garde.

    Mais quand de te parler parfois je me hasarde,
    C’est lors...