Émile Verhaeren

  • Quand les terreaux, déjà roussis et purpurins,
    Flamboient, sous les couchants mortuaires d’automne,
    On voit, d’un carrefour livide et monotone,
    Partir pour l’infini les arbres pèlerins ;

    Les pèlerins s’en vont, grands de mélancolie,
    Pensifs, pieux et lents, par les...

  • Vous, dont les bras tenaces sont à vendre ;

    Faucheurs, aoûterons, betteraviers,
    Vous désertez vos champs familiers,
    Avec de la poussière de Flandre

    À vos souliers.

    ...
  • Hôtels du Vieux Rempart et de la Cour du Prince,

    Secrètement, en des lieux sûrs,
    Vous recélez entre vos murs,

    Les coffres-forts rivaux de l’avare province.

    Des muffles de...
  • L’Angleterre !
    Elle s’ancrait parmi les eaux,
    Comme un immense et solide vaisseau
    ...

  • L’ANCIENNE FOI

    Si ton nom sonne creux dans ma ferme poitrine,
    Si mon âme est un lieu de décombres rempli
    Où ma croyance ancienne est vouée à l’oubli,
    Seigneur, je n’ai rien fait pour hâter ma ruine.

    Je t’ai...

  • Dans le jardin, où des lions mélancoliques
    Traînent le char du vieil amour,
    Mes yeux ont allumé leurs braises sur la tour
    Et regardent, mélancoliques,
    Traîner le char du vieil amour.

    Des chapelets de seins enguirlandent le bord
    Des seins de reine, où sont...

  • Mentons carrés et gros, cheveux pesants et roux,
    Ils se dressent, là-bas, à l’horizon des âges,
    Dans un emmêlement de grands gestes sauvages,
    Parmi les îlots gris d’un sol poreux et mou.

    De l’eau au loin, partout. À peine un coin de terre ;
    À peine un buisson mort...

  • Voici le dernier mois vermeil :

    Lunes rouges, pourpres soleils.

    Et bellement, le long des haies,
    Comme des clous, pointent les baies ;
    Et brusquement c’est le coq clair,
    Qui déchire d’un spasme et d’un éclair
    Et d’un grand...

  •  
    Lété, lorsque les longs dimanches
    Tintaient dans les clochers nombreux,
    Tu écoutais tes amoureux,
    La belle...

  • L’AMOUR

    Aux fleurs rouges qui pavoisent l’espace
    Et s’exaltent, dans l’or des jours,
    Comme un vent fou le torturant amour
    S’enlace.

    Oh le charme de sa douleur
    Et les lances de sa douleur,
    Violentes, au...