Émile Verhaeren

  • La couronne formidable des rois
    En s’appuyant de tout son poids
    Sur un masque de cire
    Semblait broyer, dans ce hall froid,
    Tout un empire.

    Le pâle émail des yeux usés
    S’était fendu en agonies
    Minuscules, mais infinies,
    Sous les...

  • Dans le bassin aux bords tranquilles,

    Les mâts semblent un jeu de quilles
    Debout sur l’eau ;
    La lune est claire et clairs sont les nuages,
    Et les voiles et les cordages
    Laissent sur les cargaisons sombres
    Des longs bateaux...

  • En de lourdes sonnantes bouées,
    Au long des plages de la mer,
    J’ai mis mon âme
    Sonnante, au long des plages de la mer.

    Les navires cavalcadeurs
    — Sabords de cuivre et tillacs d’or —
    Mon âme,
    Au long des eaux qui vont au Nord,
    ...

  • AU BORD DU QUAI

    En un pays de canaux et de landes,
    Mains tranquilles et gestes lents,
    Habits de laine et sabots blancs,
    Parmi des gens mi-somnolents,
    Dites, vivre là-bas, en de claires Zélandes !

    Vers des...

  • Chairs de vulves ou de gencives,
    Les pétales des fleurs nocives
    Bougent au vent,
    Torpide et lent,
    Qui les pourrit d’automne monotone
    Et les emporte sur l’étang.

    On croirait voir de grands morceaux
    De cœurs brisés,
    On croirait...

  • C’est bien là-bas, au bord des landes,
    Que le kiosque étrange et suranné
    Où leur amour est né
    Demeure et leur survit, abandonné ;
    C’est bien là-bas, au bord des landes,
    Où les...

  • Lointainement, et si étrangement pareils,
    De grands masques d’argent que la brume recule,
    Vaguent, au jour tombant, autour des vieux soleils.

    Les doux lointains ! — et comme, au fond du crépuscule,
    Ils nous fixent le cœur, immensément le cœur,
    Avec les yeux défunts...

  • Elle était comme une rose pâlie ;
    Je la sentais discrète, autour de moi,
    Avec des mains de miel, pour ma mélancolie.

    Sa jeunesse touchait à ses heures de soir ;
    Quoique malade, elle était calme et volontaire
    Et m’imposait et sa tendresse et son...

  • Tandis que la nuit froide étage sa terrasse
    Par au-delà des bruyères et des forêts,
    Le soir qui meurt, le soir ! jette sur les marais,
    L’éclair de son épée et l’or de son armure,

    Qui vont flottant au flot le flot, flottants et vains,
    À peine encor frôlés par la...

  • Tandis qu’au loin, là-bas, autour des blancs moulins.

    Jeunes et vieux, garçons et filles,
    Soit par groupe, soit par familles,
    Sarclent un champ de lin,
    Et que les blés montent et montent,
    D’une poussée égale et prompte,
    Les...