Émile Verhaeren

  • Et me voici d’un grand site de catafalques
    Et d’un minuit soudainement illuminé,
    Où s’inscrivent les vestiges et les décalques
    De la splendeur et de l’effroi — l’halluciné !

    La science s’y darde, en des observatoires
    Lenticulés de verres d’or,...

  •  
    Je suis celui des pourritures grandioses
    Qui s’en revient du pays mou des morts ;
    Celui des Ouests noirs du sort
    Qui te montre, là-bas, comme une apothéose,
    Son île immense, où des guirlandes
    De détritus et de viandes
    Se suspendent,...

  • L’homme du soir de la fatigue
    À regarder s’illimiter la mer,
    Sous ie règne du vent despote et des éclairs,
    Les bras tombants, là-bas, s’est assis sur ma digue.

    Le vêtement des plus beaux rêves,
    L’orgueil des humaines sciences brèves,
    L’...

  •  
    J’ai regardé, par la lucarne ouverte, au flanc
    D’un phare abandonné que flagellait la pluie :
    Des trains tumultueux, sous des tunnels de suie,
    Sifflaient, fixés, au loin, par des fanaux en sang.

    Le port immensément enchevêtré de mâts,
    ...

  • Sur ta rampe, pendant la nuit,
    Je suis cette image accoudée
    Qui regarde la pâle idée
    Faire le tour de ton ennui.

    Je suis pour ta morne veillée,
    Celle en noir habillée,
    Celle aux regards ailleurs
    Dont les yeux brûlent en leurs pleurs...

  • Je suis celle des reliques mélancoliques
    Qui passe, en cette chambre d’or,
    Où ce qui vient des morts repose et dort
    En des boîtes de soie et des écrins de gloire ;
    Je suis celle de leur mémoire
    Et je recueille, avec mes lentes mains, le soir,...

  • Il est des âmes si craintives d’elles,
    Qu’elles n’osent aimer l’âme même fidèle,
    Venant vers leurs chemins,
    Avec la joie, entre ses mains.

    Vagues et comme errantes,
    Elles n’ont foi qu’en la tristesse
    Des implorantes.

    En des golfes,...

  • Au fond du cœur sacerdotal,
    D’où leur splendeur s’érige
    — Or, argent, diamant, cristal —
    Lourds de siècles et de prestiges,
    Pendant les vêpres, quand les soirs
    Aux longues prières invitent,
    Ils s’imposent les ostensoirs
    Dont les fixes...

  • Qui parcourait l’espace d’or, dans la Champagne,
    En ces midis d’automne où le pampre reluit
    La regardait venir à lui
    Comme une impérieuse et tranquille montagne.

    Depuis le matin clair...

  • Oh ! ces brumes, au long des torpides semaines !
    Brumes quand l’aube point, brumes quand vient le soir ;
    Tout azur est fané, toute lumière est vaine :
    Voici la pluie immense et molle et l’autan noir.

    Les fossés gorgés d’eau, les mares croupissantes,
    Lentement,...