Les Amoureux

 
Lété, lorsque les longs dimanches
Tintaient dans les clochers nombreux,
Tu écoutais tes amoureux,
La belle fille aux fortes hanches.

Et le premier chantait :
« Ah, si ton cœur était
La plus frémissante des feuilles
Qu’avec joie et danger l’on cueille

 
Lété, lorsque les longs dimanches
Tintaient dans les clochers nombreux,
Tu écoutais tes amoureux,
La belle fille aux fortes hanches.

Et le premier chantait :
« Ah, si ton cœur était
La plus frémissante des feuilles
Qu’avec joie et danger l’on cueille

À la cime de la forêt,
Dès le matin, dès l’aube blanche,
D’arbre en arbre, de branche en branche
Je monterais. »

Et le second chantait :
« Ah ! si ton cœur était
Le caillou d’or et de lumière
Qui brille au fond de la rivière,
Dussent m’entortiller les rêts
Que mille herbes y entrecroisent,
Jusques au fond de l’eau sournoise
Je plongerais. »

Un autre encor chantait :
« Ah ! si ton cœur était
Le fruit que sa splendeur exile
Là-bas, en mer, au fond d’une île,

À la cime de la forêt,
Dès le matin, dès l’aube blanche,
D’arbre en arbre, de branche en branche
Je monterais. »

Et le second chantait :
« Ah ! si ton cœur était
Le caillou d’or et de lumière
Qui brille au fond de la rivière,
Dussent m’entortiller les rêts
Que mille herbes y entrecroisent,
Jusques au fond de l’eau sournoise
Je plongerais. »

Un autre encor chantait :
« Ah ! si ton cœur était
Le fruit que sa splendeur exile
Là-bas, en mer, au fond d’une île,

Parmi les vénéneux marais,
Avec ma ferveur vagabonde,
Vers les confins mêmes du monde,
Je partirais. »

Et tes lèvres riaient d’un beau rire charnu,
Mais ne répondaient guère,
Et sans rien dire, au bout de ton pied nu,
Dans la lumière,
Tu balançais ton sabot clair.

Parmi les vénéneux marais,
Avec ma ferveur vagabonde,
Vers les confins mêmes du monde,
Je partirais. »

Et tes lèvres riaient d’un beau rire charnu,
Mais ne répondaient guère,
Et sans rien dire, au bout de ton pied nu,
Dans la lumière,
Tu balançais ton sabot clair.

Collection: 
1912

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