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    Il était brun, très pâle, et toujours en grand deuil ;
    Ses paroles claquaient avec un bruit de flammes,
    Et de courtes lueurs plus froides que des lames
    Illuminaient parfois la brume de son œil.

    Un même goût pour l’art et pour les sombres drames,
    Le même âge, la même angoisse du cercueil,
    Un égal infini de tristesse et d’orgueil
    Eurent vite...

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    Amics Bernartz de Ventadorn,
    com vos podetz de chant sofrir,
    can aissi auzetz esbaudir
    lo rossinholet noih e jorn?
    Auyatz lo joi que demena!
    Tota noih chanta sotz la flor,
    melhs s’enten que vos en amor.

    Peire, lo dormir e.l sojorn
    am mais que.l rossinhol auvir;
    ni ja tan no.m sabriatz dir
    que mais en la folia torn.
    Deu...

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    Amie des heures où aucun être ne reste,
    où tout se refuse au cœur amer ;
    consolatrice dont la présence atteste
    tant de caresses qui flottent dans l'air

    Si l'on renonce à vivre, si l'on renie
    ce qui était et ce qui peut arriver
    pense-t-on jamais assez à l'insistante amie
    qui à côté de nous fait son œuvre de fée.

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    Peut-être existe-t-il une âme sur la terre
    Pour la mienne créée, et dont elle est la sœur :
    Heureuse et fortunée, ou pauvre et solitaire,
    Elle me comprendrait et lirait dans mon cœur.

    Elle partagerait mes secrètes pensées,
    Elle aurait mon amour, j’aurais toute sa foi ;
    Sans cesse étroitement l’une à l’autre enlacées,
    J’existerais pour elle,...

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    Tous vos dieux sont les miens ; vous aimez ce que j'aime ;
    Nos espoirs sont pareils, notre doute est le même ;
    Où vous le signalez, je vois aussi le mal,
    Et nous marchons tous deux vers le même idéal.

    Dans l'océan divin cherchant les perles neuves
    Et les parcelles d'or dans le sable des fleuves,
    Au fond des grandes eaux nous plongeons de concert ;...

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    L’Amour est un ange malsain
    Qui frémit, sanglote et soupire.
    Il est plus moelleux qu’un coussin,
    Plus subtil que l’air qu’on respire,
    Plus provocant qu’un spadassin.

    Chacun cède au mauvais dessein
    Que vous chuchote et vous inspire
    Le Dieu du meurtre et du larcin,
    ...

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    Ô rêves de jeunesse, éblouissant mirage,
    Qui vous arrachera de mon cœur éperdu ?
    Qu’étaient donc ma raison, ma force, mon courage,
    Qu’ils aient fui pour un mot dans la nuit entendu ?

    Amour ! oh ! c’est bien toi dont j’ai senti la flamme,
    Toi qui fais mon souci, toi qui fais mon effroi !
    Ton souffle impérieux a passé sur mon âme ;
    Je tremble,...

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    Quoi ! le libérateur qui par degrés desserre
    La double chaîne noire, ignorance et misère,
    Le balayeur qui jette au vent le préjugé,
    Quoi ! l'immense marcheur, jamais découragé,
    Le Progrès, qui de flamme éblouit le vulgaire,
    Détrône l'échafaud et musèle la guerre,
    Qui fait avec les mœurs des ratures aux lois,
    Change en romain l'étrusque, en...

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    Amour présent du ciel, félicité suprême,
    Que ne puis-je exhaler sur la lyre que j'aime,
    Dans la chaste douceur des plus tendres accents,
    L'ineffable délire où tu ravis mes sens !
    Mais ma voix est débile, et ma bouche glacée
    Ne peut trouver des mots pour peindre ma pensée.
    Je le sens, et mes yeux se remplissent de pleurs.
    Il faut pour t'exprimer...

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    Ô rêves de jeunesse, éblouissant mirage,
    Qui vous arrachera de mon cœur éperdu ?
    Qu’étaient donc ma raison, ma force, mon courage,
    Qu’ils aient fui pour un mot dans la nuit entendu ?

    Amour ! oh ! c’est bien toi dont j’ai senti la flamme,
    Toi qui fais mon souci, toi qui fais mon effroi !
    Ton souffle impérieux a passé sur mon âme ;
    Je tremble,...