• Or, puisqu’ils l’ont dit les grands-parents,
    que mon bonheur est avec Vous ;
    puisqu’ils l’ont voulu les grands-parents ;

    puisqu’ils Vous ont désignée de geste,
    soyez ma belle chanson de geste,
    et, trop, n’ayez crainte en moi vers Vous.

    Car sachez que je suis un enfant,
    et que Vous êtes un peu moi-...

  • Refrain

    Biches folâtres ou rêveuses,
    Malheur aux daims que nous charmons !
    Le monde nous appelle aimeuses :
    Eh bien ! aimons.

    1

    Nous n'allons pas, pour nos familles,
    Suant l'été, gelant l'hiver,
    Disputer, comme tant de filles,
    Maigre vivre et mince couvert.
    Morale ?... Assez ! Pudeur ?... Bêtise !
    La sphère où nous...

  •  
                      Aimons-nous et dormons
                Sans songer au reste du monde !
          Ni le flot de la mer, ni l’ouragan des monts,
                      Tant que nous nous aimons
                Ne courbera ta tête blonde,
                      Car l’amour est plus fort
                      Que les Dieux et la Mort !

                      Le soleil s’...

  •  
    Ô si le Seigneur penchait son front sur mon trépas,
    Je lui dirais : « Ô Christ, je ne te connais pas.

    « Seigneur, ta stricte loi ne fut jamais la mienne,
    Et je vécus ainsi qu’une simple païenne.

    « Vois l’ingénuité de mon cœur pauvre et nu.
    Je ne te connais point. Je ne t’ai point connu.

    « J’ai passé comme l’eau, j’ai fui comme le sable.
    Si j...

  • Ainsi que Crusoë dans son île déserte,
    Le poète guette, à l’amère solitude,
    Quel voile apportera la béatitude,
    A son exil. La mer, comme une porte ouverte,
    Semble donner l’espoir qu’apparaîtra soudain
    Le bateau qui rira à l’horizon d’étain.
    Et la fièvre prend le poète sur la grève.
    Il croit voir cette voile. Il n’y a pourtant rien
    Que le toujours...

  •  
    Ainsi que l’alouette
         Au bord du champ,
    Le paisible poëte
         Et dominant l’Fera son chant.

    De sa voix attendrie
         Il redira
    Ton angoisse, ô patrie !
         Il chantera

    Ta grandeur dans l’épreuve
         Et ton courroux,
    Et tes voiles de veuve,
         Sacrés pour tous.

    Il dira, chère France,
         Comment...

  •  
    Ainsi qu'on voit pleurer la chaste tourterelle
    Quand la mort a éteint la moitié de son cœur,
    Je veux en accusant ma fortune cruelle,
    Éloigné de vos yeux soupirer ma douleur.

    N'ai-je pas bien raison de faire ouïr ma plainte,
    Puis qu'à votre départ mon cœur s'en va de moi ?
    Et que ployant au joug d'une force contrainte
    Il me faut supporter mon...

  • I

    Le soleil va chasser la nuit ;
    Pâle Phoebé, reine aux longs voiles,
    Il est temps de rentrer, sans bruit,
    Ton troupeau de blanches étoiles !

    Déjà des bois silencieux
    L’aube pénètre le mystère…
    Que fais-tu si tard dans les cieux,
    Quand nous t’attendons sur la terre ?

    II

    Elle vient ! Elle vient !… de son pied diligent
    ...

  • Dès l’aube, chers rayons, mon front songe à vous ceindre !
    À peine il se redresse, il voit d’un œil qui dort
    Sur le marbre absolu, le temps pâle se peindre,
    L’heure sur moi descendre et croître jusqu’à l’or...

    *

    ... « Existe !... Sois enfin toi-même ! dit...

  •  

    L’air est humide, épais et gras ;

    Taches de deuil, des oiseaux planent
    Auprès des sacs bondés qui s’alignent là-bas ;
    De terre en terre, ici, plus loin, par tas,
    À feux larges, brûlent les fanes.

    Mélancoliques et longues et lentes,
    Frôlant le sol, barrant les sentes,
    Tels des gestes qui s’en iraient
    ...