« Aimons-nous et dormons »

 
                  Aimons-nous et dormons
            Sans songer au reste du monde !
      Ni le flot de la mer, ni l’ouragan des monts,
                  Tant que nous nous aimons
            Ne courbera ta tête blonde,
                  Car l’amour est plus fort
                  Que les Dieux et la Mort !

                  Le soleil s’éteindrait
            Pour laisser ta blancheur plus pure.
      Le vent, qui jusqu’à terre incline la forêt,
                  En passant n’oserait
            Jouer avec ta chevelure,
                  Tant que tu cacheras
                  Ta tête entre mes bras !

                  Et lorsque nos deux cœurs
            S’en iront aux sphères heureuses
      Où les célestes lys écloront sous nos pleurs,
                  Alors, comme deux fleurs
            Joignons nos lèvres amoureuses,
                  Et tâchons d’épuiser
                  La Mort dans un baiser !

Janvier 1846.

Collection: 
1843

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