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    (Ode IV, liv. I)

    Le Zéphir a chassé du ciel les noirs nuages ;
    On a remis à flot les carènes des plages :
    Le rigoureux hiver fait place au doux printemps.
    Déjà, le laboureur ne veille plus à l’âtre,
    Et le libre troupeau gambade autour du pâtre ;
    La blancheur du frimas n’attriste plus les champs.
    Sous le croissant d’argent, les...

  • Artiste consommé, ton crayon immortel
    À Rogers, le classique, improvise un autel,
    Qu’il reste ton chef d’œuvre ! – Il m’en souvient encore
    Dans ces temps déjà loin où pointait mon aurore
    Que de fois n’ai-je pas, admirateur naïf,
    Dévoré du regard, ton faire intellectif ?
    Le précieux Grandison, et la triste...

  • A tantas bonas chansos
    E tan bo vers aurai faih,
    Don ja no.m mezer’ en plaih,
    Domna, si.m pesses de vos
    Que fossetz vas me tan dura.
    Aras sai qu’e.us ai perduda
    Mas sivals no m’etz tolguda
    En la mia forfachura.

    Vers es que manhtas sazos
    M’era be dih e retraih
    Que m’estara mal e laih
    C’ames et amatz no fos.
    Mas lai on...

  • Un catafalque d’or surgit au fond des soirs,
    Quand les astres, comme des lampes,
    Brûlent, en étageant leurs rampes,
    Vers les lointains d’argent marbrant des parvis noirs.

    Quel mort en ce cercueil...

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    Telle, sur une mer houleuse, la frégate
    Emporte vers le Nord les marins soucieux,
    Telle mon âme nage, abîmée en tes yeux,
    Parmi leur azur pâle aux tristesses d’agate.
    Car j’ai revu dans leur nuance délicate
    Le mirage lointain des Édens et des cieux
    Plus doux, que ferme à nos désirs audacieux
    La figure voilée et sombre d’une Hécate.

    ...

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    Hommage de la jeunesse canadienne.

    Barde sublime et fier que la grâce accompagne,
    Nous t’aimons pour l’honneur de la vieille Bretagne,
    Pour le rayonnement de son nom vénéré
    Que tu vas répandant partout, de grève en grève ;
    Nous t’aimons pour la gloire immense de ton rêve
    Épris d’un Idéal à tout jamais sacré !

    Le héros dans tes...

  • Vous avez empoigné les crins de la Déesse
    Avec un tel poignet, qu’on vous eût pris, à voir
    Et cet air de maîtrise et ce beau nonchaloir,
    Pour un jeune ruffian terrassant sa maîtresse.

    L’œil clair et plein du feu de la précocité,
    Vous avez prélassé votre orgueil d’architecte
    Dans des constructions dont l’audace correcte
    Fait voir quelle sera votre...

  • Ô toi, Gautier ! sage parmi les sages
    Aux regards éblouis,
    Toi, dont l'esprit vécut dans tous les âges
    Et dans tous les pays,

    Tu fus surtout un Grec, et tu contemples
    De tes yeux immortels
    Les purs profils harmonieux des temples
    Dans les bleus archipels.

    Tu les aimas, les doux porteurs de glaive,
    Plus forts que la douleur,
    Et dans...

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    O grand Théophile Gautier,
    Roi des ciseleurs fantastique,
    Toi qui touches d’un vol altier
    Toutes les cimes artistiques :

    O toi que l’Arabie ambra.
    Hahroun-al-Raschid des Bohèmes.
    Permets que dans ton Alhambra
    Je chante au pied de tes poèmes.

    Tes strophes d’azur ont bercé
    Mes premiers jours en Allemagne.
    Avant que mon pied n’...

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    Poète ! ta ferveur fait grande ta mémoire.
    Absorbé tout entier dans ton culte béni,
    Tu préféras la Muse à tout, même à la gloire,
    Maître ! qui dans ton art égalas Cellini.

    Amours, honneurs, trésors, tout ce que l’homme envie,
    Moins qu’un beau vers touchaient ton cœur épris du beau.
    A tout indifférent, tu passas dans la vie
    L’âme et les yeux...