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    Comme l’oiseau frileux qui s’enfuit à l’automne,
    Vous nous avez quittés quand octobre est venu,
    Alors qu’à nos carreaux la bise monotone
    Pleurait en secouant les bras de l’arbre nu.

    Vous envoler, c’était faire envoler la joie
    Qu’en passant vous laissiez tomber sur chaque seuil,
    C’était rendre plus morne encor mon front qui ploie ;
    Dans nos...

  • Ah ! prends garde à l’amour, il menace ta vie :
    Je l’ai vu dans les pleurs que tu verses pour moi.
    Prends garde, s’il est temps ! il erre autour de toi,
    Et c’est avec des pleurs aussi qu’il m’a suivie.
    Retourne vers ta mère et ne la quitte pas.
    Va, comme un faible oiseau que menace l’orage,
    Contre son sein paisible appuyer ton courage ;
    Portes-y ta...

  • Toi, dont l’âme est à peine éclose,
    Ô chère petite aux doux yeux,
    Et dont la lèvre fine et rose
    Gazouille un rire harmonieux ;

    Dont les larmes vite apaisées,
    Sur ta joue au pâle contour,
    Tarissent comme les rosées
    Que boit le rayon d’or du jour ;

    Et qui, le soir, paisible et frêle,
    Te couches dans ton bleu berceau
    Où tu t’endors,...

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    Près d’une femme, en proie à l’amoureux délire,
    Le poëte est muet, il se tait et soupire.
    De mille émotions à la fois oppressé,
    Il veut poursuivre en vain un rhythme commencé ;
    Pour calmer de son cœur l’ardente frénésie,
    Il appelle, il évoque en vain la poésie :
    L’ange de sa jeunesse et de ses plus beaux jours
    Semble s’être envolé, l’avoir fui...

  • Dans le boudoir ambré d’une jeune marquise,
    Grande d’Espagne, belle, et d’une grâce exquise,
    Au milieu de la table, à la place de fleurs,
    Frais groupe mariant et parfums et couleurs,
    Grimaçait sur un plat une tête coupée,
    Sculptée en bois et peinte, et dans le sang trempée,
    Le front humide encor des suprêmes sueurs,
    L’œil vitreux et blanchi de ces...

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    Au voyageur las de la route,
    Saignant aux ronces du chemin,
    Rends l’espérance, ôte le doute ;
    A ses tristesses tends la main.

    Ne t’en vas pas. Sa vie est sombre ;
    Une lumière est dans tes yeux :
    Il sentira blanchir son ombre
    Sous ton sourire lumineux.

    Tous les rêves de sa jeunesse
    L’un après l’autre l’ont déçu ;
    Qu’en te...

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    À MADAME MARGUERITE DARDENNE DE LA GRANGERIE

    Les poètes chinois, épris des anciens rites,
    Ainsi que Li-Tai-Pé, quand il faisait des vers,
    Placent sur leur pupitre un pot de marguerites
    Dans leurs disques montrant l’or de leurs cœurs ouverts.

    La vue et le parfum de ces fleurs favorites,
    Mieux que les pêchers blancs et que les saules...

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    À MADAME MARGUERITE DARDENNE DE LA GRANGERIE

    Il est, dans la légende, une vierge martyre,
    Qui mène en laisse une hydre aux tortueux replis.
    Près d’une roue à dents, tenant au main un lis,
    L’Ange d’Urbin l’a peinte, et le monde l’admire.

    Aux prés pousse une fleur, qu’en son naïf délire
    L’inquiète amoureuse avec ses doigts pâlis...

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    Vieux Mathurin, poète aux âpres mélodies,
    J’aime de ton bon vers les allures hardies,
    Quand il va débraillé, sans grègues, sans chapeau,
    Ainsi qu’un franc luron, au sortir du bordeau.
    Tu savais, ô Régnier, que l’ardente satire
    A besoin de piment pour allumer son ire.
    Ton robuste Apollon ne connut pas cet art
    De jeter sur les mots des masques...