À Mademoiselle C. P.

 
Comme l’oiseau frileux qui s’enfuit à l’automne,
Vous nous avez quittés quand octobre est venu,
Alors qu’à nos carreaux la bise monotone
Pleurait en secouant les bras de l’arbre nu.

Vous envoler, c’était faire envoler la joie
Qu’en passant vous laissiez tomber sur chaque seuil,
C’était rendre plus morne encor mon front qui ploie ;
Dans nos cercles du soir c’était jeter le deuil.

Depuis votre départ, la maison est morose
Comme un nid qu’a vidé la main de l’oiseleur,
Comme un rosier en deuil de sa dernière rose,
Comme un vase brisé qui regrette sa fleur.

Nous devions vous revoir à la saison dorée…
Mai verse ses rayons et ses parfums si doux,
Les lilas sont fleuris, la plaine est diaprée,
Et la seule fauvette absente encor… c’est vous.

Quand donc nous sourira votre prunelle noire ?
De grâce, hâtez-vous, enfant, de revenir,
Car si vous tardez plus longtemps, nous allons croire
Que vous avez fermé votre âme au souvenir.

Collection: 
1904

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