À Mademoiselle M. J. D.

Toi, dont l’âme est à peine éclose,
Ô chère petite aux doux yeux,
Et dont la lèvre fine et rose
Gazouille un rire harmonieux ;

Dont les larmes vite apaisées,
Sur ta joue au pâle contour,
Tarissent comme les rosées
Que boit le rayon d’or du jour ;

Et qui, le soir, paisible et frêle,
Te couches dans ton bleu berceau
Où tu t’endors, repliant l’aile,
Comme ferait un jeune oiseau ;

Sous ta paupière mi-fermée
Étincelle un rêve fleuri,
Et ton haleine parfumée
Sort d’un cœur où rien n’est tari.

Je t’aime et t’admire, ô jeune âme,
Ô coupe qui n’as point de fiel,
Blonde enfant qui deviendras femme,
Pauvre ange qui perdras ton ciel !

Collection: 
1855

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