• Roi, le seul vrai roi de ce siècle, salut, Sire,
    Qui voulûtes mourir vengeant votre raison
    Des choses de la politique, et du délire
    De cette Science intruse dans la maison,

    De cette Science assassin de l’Oraison
    Et du Chant et de l’Art et de toute la Lyre,
    Et simplement et plein d’orgueil en floraison
    Tuâtes en mourant, salut, Roi, bravo, Sire !

    ...
  •  

    O toi dont la science et le constant effort
    Ont si souvent vaincu la douleur et la mort,
    O cerveau puissant et fertile,
    De l’univers qui souffre obstiné bienfaiteur,
    Pardonne si ma voix interrompt, ô Pasteur,
    Un instant ton travail utile !

    Le genre humain te paye un tribut mérité.
    Pris dans un grand courant de générosité
    Que tout le...

  •  

    Lydie, es-tu sincère ? Excuse mes alarmes :
    Tu t'embellis en accroissant mes feux ;
    Et le même moment qui t'apporte des charmes
    Ride mon front et blanchit mes cheveux.

    Au matin de tes ans, de la foule chérie,
    Tout est pour toi joie, espérance, amour ;
    Et moi, vieux voyageur, sur ta route fleurie
    Je marche seul et vois finir le jour.

    ...

  •  
    Lydia, dic, per omnes, etc.
    (HOR., Lib. 1, ode VIII.)

    Au nom des Dieux dont tu te ris,
    Lydie, en ta folle tendresse,
    Veux-tu donc perdre Sybaris ?
    Dans l’amour dont il est épris
    Va-t-il consumer sa jeunesse ?
    Pourquoi n’a-t-il que du mépris
    Pour Mars, pour sa noble poussière ?
    Pourquoi, dans l’arêne guerrière,
    ...

  • HORACE

    Lorsque je t’avais pour amie,
    Quand nul jeune garçon, plus robuste que moi,
    N’entourait de ses bras ton épaule arrondie,
    Auprès de toi, blanche Lydie,
    J’ai vécu plus joyeux et plus heureux qu’un roi.

    LYDIE

    Quand pour toi j’étais la plus chère
    Quand Chloé pâlissait auprès de Lydia,
    Lydia, qu’on vantait dans l’...

  • HORACE

    Du temps où tu m’aimais, Lydie,
    De ses bras, nul autre que moi
    N’entourait ta gorge arrondie ;
    J’ai vécu plus heureux qu’un roi.

    LYDIE

    Du temps où j’étais ta maîtresse,
    Tu me préférais à Chloé ;
    Je m’endormais à ton côté,
    Plus heureuse qu’une déesse.

    HORACE

    Chloé me gouverne à présent,
    ...

  •  
    Si j'ai conduit, souvent, la Muse loin des villes,
    Amoureux du désert et des sentiers secrets ;
    Si j'enlaçais, hier, dans mes loisirs tranquilles,
    L'olivier de Provence au chêne du Forez ;

    Si j'ai trop écouté l'esprit des solitudes ;
    Si, des sapins neigeux aux myrtes toujours verts,
    Errant parmi ces bois où j'ai mes habitudes,
    J'ai perdu tant...

  • Je ne m’attendois pas d’estre loüé de vous ;
    Cet honneur me surprend, il faut que je l’avoüe :
    Mais de tous les plaisirs le plaisir le plus doux,
    C’est de se voir loüé de ceux que chacun loüe.

  •  
    Oui, je pleure en ce jour, comme au milieu des chaînes
    Les enfants d'Israël, sur les bords odieux
    Où les tenaient captifs leurs vainqueurs orgueilleux,
    Pleuraient pour adoucir leurs peines.

    Comme la leur, ma lyre, aux arbres de ces bords,
    Muette aux chants joyeux demeure suspendue ;
    Mais aujourd'hui pour toi sa corde détendue
    Essaiera de...

  •  
    O patrie ! ô doux nom que l’exil fait comprendre !
    (C. DELAVIGNE.)

    Le rivage natal est un si doux lien !
    Pourquoi si tout ici surpasse notre envie
    De relais en relais tourmenter une vie ?
          Pourquoi changer quand on est bien ?
    (MÉRV.)

    Un jour tu reviendras, soucieux exilé,
    Par le soleil des mers encore tout hâlé,...