François-René de Chateaubriand

  • Des vastes mers tableau philosophique,
    Tu plais au coeur de chagrins agité :
    Quand de ton sein par les vents tourmenté,
    Quand des écueils et des grèves antiques
    Sortent des bruits, des voix mélancoliques,
    L'âme attendrie en ses rêves se perd,
    Et, s'égarant de...

  • Le passé n'est rien dans la vie,
    Et le présent est moins encor ;
    C'est à l'avenir qu'on se fie
    Pour donner joie et trésor.
    Tout mortel dans ses yeux devance
    Cet avenir où nous courrons ;
    Le bonheur est espérance ;
    On vit, en disant : nous verrons.
    ...

  • Romance.

    Combien j'ai douce souvenance
    Du joli lieu de ma naissance !
    Ma soeur, qu'ils étaient beaux les jours
    De France !
    O mon pays, sois mes amours
    Toujours !

    Te souvient-il que notre mère,
    Au foyer de notre chaumière,
    Nous...

  • Les bois épais, les sirtes mornes, nues,
    Mêlent leurs bords dans les ombres chenues.
    En scintillant dans le zénith d'azur,
    On voit percer l'étoile solitaire :
    A l'occident, séparé de la terre,
    L'écueil blanchit sous un horizon pur,
    Tandis qu'au nord, sur les mers...

  • Je voudrais célébrer dans des vers ingénus
    Les plantes, leurs amours, leurs penchants inconnus,
    L'humble mousse attachée aux voûtes des fontaines,
    L'herbe qui d'un tapis couvre les vertes plaines,
    Sur ces monts exaltés le cèdre précieux
    Qui parfume les airs, et s'...

  • Le ciel est pur, la lune est sans nuage :
    Déjà la nuit au calice des fleurs
    Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ;
    Aucun zéphyr n'agite le feuillage.
    Sous un berceau, tranquillement assis,
    Où le lilas flotte et pend sur ma tête,
    Je sens couler mes pensers...

  • Le temps m'appelle : il faut finir ces vers.
    A ce penser défaillit mon courage.
    Je vous salue, ô vallons que je perds !
    Ecoutez-moi : c'est mon dernier hommage.
    Loin, loin d'ici, sur la terre égaré,
    Je vais traîner une importune vie ;
    Mais quelque part que j'...

  • Imitation d'un poète écossais.

    Oui, je me plais, Clarisse, à la saison tardive,
    Image de cet âge où le temps m'a conduit ;
    Du vent à tes foyers j'aime la voix plaintive
    Durant la longue nuit.

    Philomèle a cherché des climats plus propices ;
    Progné...

  • Vallée au nord, onduleuse prairie,
    Déserts charmants, mon coeur, formé pour vous,
    Toujours vous cherche en sa mélancolie.
    A ton aspect, solitude chérie,
    Je ne sais quoi de profond et de doux
    Vient s'emparer de mon âme attendrie.
    Si l'on savait le calme qu'un...

  • Déjà le soir de sa vapeur bleuâtre
    Enveloppait les champs silencieux ;
    Par le nuage étaient voilés les cieux :
    Je m'avançais vers la pierre grisâtre.
    Du haut d'un mont une onde rugissant
    S'élançait : sous de larges sycomores,
    Dans ce désert d'un calme menaçant...