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    L’humide éclat du lys, le blond duvet des pêches
    Seraient moins doux pour moi, moins frais que ton baiser.
    L’abeille du désir vole et veut se poser,
    Veut se poser, ô fleur ! à tes lèvres si fraîches.

    La rose ouvre son cœur à l’amoureuse mouche,
    Et l’enivre de miel et la berce au zéphyr.
    Quand pourrai-je, à mon tour, sur tes lèvres cueillir,
    ...

  • Échos, souffles, concerts de l'onde et du feuillage !
    Que seraient vos accents, vos bruits, vos mille sons,
    Si le poète ému, traduisant ce langage,
    N'exprimait en ses vers l'âme de vos chansons ?...

    G. M.

    I

    Je suis, je suis la folle brise,
    Le soupir de l'aube ou du soir ;...

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    Voici rentrer l’officier de marine,
              Il a de noirs favoris.
    Le vent de mer a gonflé sa narine,
    Il dit combien de vaisseaux il a pris.

    Voici rentrer l’officier de marine,
              Il a deux beaux galons d’or.
    Il veut surprendre, au logis, Mathurine
    Sa femme, son plus précieux trésor.

    Voici rentrer l’officier de marine,...

  • La chanson de la perdrix grise
    Ou la complainte des grillons,
    C’est la musique des sillons
    Que j’ai toujours si bien comprise.

    Sous l’azur, dans l’air qui me grise,
    Se mêle au vol des papillons
    La chanson de la perdrix grise
    Ou la complainte des grillons.

    Et l’ennui qui me martyrise
    Me darde en vain ses aiguillons,
    Puisqu’à l’abri...

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    Je suis, je suis le cri de joie
    Qui sort des prés à leur réveil ;
    Et c'est moi que la terre envoie
    Offrir le salut au soleil.

    Je pars des chaumes blancs de brume,
    A mes pieds flotte un fil d'argent,
    La rosée emperle ma plume,
    Et je la sème en voltigeant.

    Je plane et chante la première
    Dans l'azur frais où l'aube éclot ;
    Je...

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    Je t’ensevelis pour jamais,
    Idole si mièvre et si fausse :
    Dans l’oubli j’ai creusé la fosse
    Oblongue et froide où je te mets.

    Ne crois pas que sur mes sommets
    Jusqu’à moi ton spectre se hausse !
    Je t’ensevelis pour jamais,
    Idole si mièvre et si fausse.

    Je suis tout seul au monde, mais
    Contre moi-même je m’adosse,
    Et l’...

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    Dès que la grive est éveillée,
    Sur cette lande encor mouillée
    Je viens m'asseoir
    Jusques au soir ;
    Grand'mère, de qui je me cache,
    Dit : « Loïc aime trop sa vache. »
    Oh ! Nenni-da !
    Mais j'aime la petite Anna.

    A son tour, Anna, ma compagne,
    Conduit derrière la montagne,
    Près des sureaux,
    Ses noirs chevreaux ;
    Si...

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    L'eau, dans les grands lacs bleus
    Endormie,
    Est le miroir des cieux :
    Mais j'aime mieux les yeux
    De ma mie.

    Pour que l'ombre parfois
    Nous sourie,
    Un oiseau chante au bois :
    Mais j'aime mieux la voix
    De ma mie.

    La rosée, à la fleur
    Défleurie
    Rend sa vive couleur :
    Mais j'aime mieux un pleur
    De ma mie...

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    C'est un soir calme ; un souffle aux aromes subtils
    Vanne de fleurs en fleurs, et du parc aux collines,
    Le pollen qu'il dépose aux pointes des pistils ;
    Un soir d'été serein, aux étoiles câlines.
    La lune magnétique arrose les halliers ;
    Et dans l'herbe, pareils à deux grands boucliers
    Chus d'un duel gigantesque en preuve pour l'histoire,
    ...

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    La nature d’un vert manteau
    Couvre l’épaule des collines,
    Le vent de mai sur le coteau
    Se joue au front des aubépines,
    L’agneau bondit sur le gazon,
    La fauvette au bord du buisson
    Chante au soleil sa mélodie ;
    Mais pour moi triste est sa chanson :
    Je suis seul à l’entendre, — hélas ! Elle est partie.

    La violette aux yeux d’azur...