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    ENTRE les murs étroits de ma chambre, n’ayant
    Pour clarté qu’un reflet de vitre dépolie
    Où le frimas simule une forêt jolie,
    Mon rêve meurt, dans la tristesse se noyant.

    Comme une rose, un jour d’octobre, défaillant,
    Mon âme penche au poids de sa mélancolie
    Et, dans cette lumière hésitante et pâlie,
    Perd ce qui se dressait en elle de vaillant...

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    Amors est-il malz ? est-il biens
    .......................................
    Sçay contre li siens carreletz
    Foibles escus, casques, borletz ;
    Mais n’est-il plante qu’en guarisse
    Nj d’encantor qui le jorisse !
    AGNES DE BRAGELONGNE.

    « Délivrez-moi de ma lourde parure ;
    Ces longs habits, cette riche coiffure,
    Doublent encor...

  • On a faim dans la chambrée −
    C'est vrai...
    Émanations, explosions. Un génie :
    « Je suis le gruère ! » −
    Lefêbvre « Keller ! »
    Le génie « Je suis le Brie ! » −
    Les soldats coupent sur leur pain :
    « C'est la vie ! »
    Le génie. − « Je suis le Roquefort ! »
    − « Ça s'ra not' mort !... »
    Je suis le gruère
    Et le Brie !... etc.

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    À Ernest Christophe.

    Les braves dorment bien dans cette immense plains.
    Pas de saules pleureurs, pas de mornes cyprès...
    Ce n’est qu’un terrain vague où vient la.marjolaine,
    La bruyère et l’ajonc. — Mais là, cent ans après,
    Filant à pas songeurs leur quenouille de laine,
    Les filles du Pays, d’un long regard pieux,
    Salueront le champ...

  • En icelle valée oyoit on grant sons
    de tabours, trompes et naquerres.
    MANDEVILLE.

    Or ilz sont mortz, Diex ayt leurs ames.
    Quant est des cors, ils sont pourryz.
    Le Grand Testament de Villon.

    De dars i ot grant lanceis
    Et de pierres grand jeteis
    Et de lances grand bouteis
    Et d’espées grand capleis....

  • Le champ fourmille de chardons :
    Quel paradis pour le vieil âne !
    Adieu bât, sangles et bridons !
    Le champ fourmille de chardons.
    La brise mêle ses fredons
    À ceux de la petite Jeanne !
    Le champ fourmille de chardons :
    Quel paradis pour le vieil âne !

    En chantant au bord du fossé
    La petite Jeanne tricote.
    Elle songe à son fiancé...

  • J’AI déjà dans mon cœur enterré mille choses,
    Espoirs, rêves, désirs, croyances, fleurs écloses
    Par un matin d’avril et mortes à midi.
    L’art et l’amour surtout comptent là bien des tombes
    Où, loin du ciel de l’aigle et du nid des colombes,
    Dort ce qui fut en moi noble, pur et hardi.

    Mais, tandis que l’on voit, dans tous les cimetières,
    Les fleurs au...

  • — Le merle fuit, plein de paniques,
    Les buissons recroquevillés :
    Entendez-vous sous les noyers
    Ces chuchotements ironiques ?

    Quelles visions tyranniques !
    J’en ai les yeux écarquillés.
    — Le merle fuit, plein de paniques.
    Les buissons recroquevillés.

    Quant aux petits fumiers coniques,
    Ils sont horriblement grillés.
    S’ils allaient...

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    Champborne, lieux aimés si chers à mon enfance,
    Lieux sans cesse entrevus et pleurés dans l’absence,
    Vallon de ma jeunesse, ô mes champs ! o mes bois !
    Salut à vous, salut pour la dernière fois !
    J’ai voulu te revoir, ô chaumière isolée !
    J’ai voulu te revoir, ô ma chère vallée !
    J’ai voulu vous revoir, beaux lieux de mes beaux jours,
    Avant de...

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    Le Chant des marins

    Où courez-vous ? Le vent s’élève et le flot roule.
    Le départ sonne-t-il ? Vive Dieu ! Quelle foule !
    La grève a des sanglots, mais les cieux sont sereins.
    Vogue, barque ! Écoutez la chanson des marins.

    « Au levant qui se rose ont pâli les étoiles ;
    La brise matinale agite au loin les eaux.
    Alerte, les gabiers !...