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    Un jour (que Dieu les veuille absoudre du péché !)
    Un jeune More avec la reine était couché.
    Ils folâtraient, croyant le lieu sûr. Mais l'infante,
    Au mur collant son front, les voit par une fente.
    Elle entre et dit : « Ma mère ! il sied mal, sur ma foi,
    Que, mon père vivant, mon père, le bon roi,
    Tu t'accouples avec ce juif de Morérie.
    Eh ! l'...

  • Ce jour, je l’ai passé ployé sur mon pupitre,
    Sans jeter une fois l’œil à travers la vitre.
    Par Apollo ! cent vers ! je devrais être las ;
    On le serait à moins ; mais je ne le suis pas.
    Je ne sais quelle joie intime et souveraine
    Me fait le regard vif et la face sereine ;
    Comme après la rosée une petite fleur,
    Mon front se lève en haut avec moins de...

  • Livrée aux léopards anglais par Ysabeau
    Notre France allait être un cadavre au tombeau.
    Elle n'avait plus rien de sa fierté divine,
    Et Suffolk et Talbot lui broyaient la poitrine ;
    Plus de vaillance, plus d'espoir, c'était la fin.
    Affolés par la peur affreuse et par la faim,
    Les paysans quittaient par troupes leurs villages.
    Ils s'enfuyaient et, las de...

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    Le Phédon jette en l’âme un céleste reflet,
    Mais rien n’est plus suave au cœur que l’Évangile.
    Délicat embaumeur de la raison fragile,
    Il sent la myrrhe, il coule aussi doux que le lait.

    Dans ses pures leçons rien n’est prouvé ; tout plaît :
    Le bon Samaritain qui prodigue son huile,
    L’héroïsme indulgent pour la plèbe servile
    L’âme offerte à l’...

  • À quatre heures du matin, l’été,
    Le Sommeil d’amour dure encore.
    Sous les bosquets l’aube évapore
         L’odeur du soir fêté.

    Mais là-bas dans l’immense chantier
    Vers le soleil des Hespérides,
    En bras de chemise, les charpentiers
         Déjà s’agitent.

    Dans leur désert de mousse, tranquilles,
    Ils préparent les lambris...

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    C’est la pluie, comme un frais pardon,
    Sur la route qui poudroie au soleil,
    Et parmi les jardins de ce printemps vermeil,
    C’est le tintement clair des gouttes qui font
    Des ronds dans l’eau glauque des citernes.

    Sur les collines les nuages roses cernent
    Amoureusement le léger horizon
    Comme des lèvres humides d’anges.

    Et le passant chante...

  • Quel temps de chien ! — il pleut, il neige ;
    Les cochers, transis sur leur siège,
            Ont le nez bleu.
    Par ce vilain soir de décembre,
    Qu’il ferait bon garder la chambre,
            Devant son feu !

    À l’angle de la cheminée
    La chauffeuse capitonnée
            Vous tend les bras
    Et semble avec une caresse
    Vous dire comme une maitresse...

  •  
    Un matin, dégoûté de la rime indocile,
    Dans un coin populeux de notre grande ville
    J’errais, quand tout à coup s’élève une rumeur.
    Un homme s’enfuyait en criant : au voleur !
    Et désignait du doigt la route présumable
    Que dans son vif élan avait pris le coupable.
    Et chacun de bondir vers l’endroit qu’il montrait :
    Mais lui par un détour à l’...

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    La nuit au front brillant d'étoiles
    Amène l'instant du départ,
    Et le vaisseau fuit sous ses voiles
    Des bords où vole mon regard.
    Je suis la barque fugitive
    Qui vous reconduit vers la rive,
    Vous que mes yeux veulent revoir ;
    Mais, hélas! la nef vagabonde
    S'éloigne et disparaît sur l'onde.
    Bonsoir, ô mes frères, bonsoir !

    Le...

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    La nuit étoilée et sereine
    Descend ; et déjà, loin du bord,
    Le vaisseau glisse et nous entraîne…
    Penché sur le mouvant sabord,
    Je suis la barque fugitive
    Qui vous reconduit vers la rive,
    Vous que mes yeux voudraient revoir !
    Mais la houle est vaste et profonde ;
    La barque a disparu sur l’onde :
    Bonsoir, ô mes frères, bonsoir !

    ...