C’est la pluie, comme un frais pardon,
Sur la route qui poudroie au soleil,
Et parmi les jardins de ce printemps vermeil,
C’est le tintement clair des gouttes qui font
Des ronds dans l’eau glauque des citernes.
Sur les collines les nuages roses cernent
Amoureusement le léger horizon
Comme des lèvres humides d’anges.
Et le passant chante sur la route,
Car cette pluie ne laissera pas de fange
Au carrefour où hésite son doute,
Et le laboureur pousse la charrue,
Le dos rond sous la chaude averse
Qui fait gonfler les mottes drues,
Et le malade auprès de la fenêtre,
Que le bruit de l’eau dans les arbres berce,
Sent l’âme en sa chair renaître.
C’est la bonne pluie bénie de Dieu
Qui rafraîchit la nuque du vagabond ;
C’est la bonne pluie du paradis des cieux
Qui féconde l’œuvre du tâcheron ;
C’est la bonne pluie qui fait rire les yeux
De ceux qui savent qu’ils mourront.
Et voici le signe de l’arc-en-ciel
Sur les maisons jaunes du village,
D’où les enfants, avec des corbeilles,
Sortent ensemencer, graves et sages,
Les jardinets où butineront les abeilles.
Et sous le signe de l’arc-en-ciel,
Chantant les floraisons proches,
Sonnent au crépuscule les cloches.