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    Il est de noirs îlots, battus par la tempête,
    Qui n’ont pas d’arbre vert, qui n’ont pas une fleur.
    Sur des pics désolés souffle un vent de malheur.
    Là, pour faire son nid, pas d’oiseau qui s’arrête.
    La mer, rien que la mer, et sa grande rumeur...

    Le froid soleil du Nord qui regarde ces plages
    Y retrouve parfois à l’heure des jusants,
    Dans le...

  • Le visage de ceux qu'on n'aime pas encor
    Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves,
    Et va s'illuminant sur de pâles décors
    Dans un argentement de lune qui se lève.

    Il flotte du divin aux grâces de leur corps,
    Leur regard est intense et leur bouche attentive ;
    Il semble qu'ils aient vu les jardins de la mort
    Et que plus rien en eux de réel ne...

  • Comme un bruit très lointain des cloches et des vagues
    J'entends dans mon Esprit chanter des rhythmes vagues ;
    Je rêve des sonnets divinement sculptés
    Et des strophes dansant, langoureuses almées,
    Un pas lascif, et des vers pleins de voluptés,
    Des vers câlins, ayant le son de voix aimées.

    J'aime ces sons lointains, ces poèmes rêvés,
    Et je voudrais...

  • Alors les fleurs croissaient dans la verte prairie ;
    Dans un ciel glorieux triomphait le soleil ;
    Des songes printaniers erraient dans mon sommeil.
    Le ciel n'était pas froid, l'eau n'était pas tarie,
    Alors. - Mais aujourd'hui tout est morne et glacé ;
    Le coeur est desséché, la nature est flétrie...
    Où sont les rêves du passé ?

    Soleil, tu nous...

  • Circé des bois et d'un rivage
    Qu'il me semblait revoir,
    Dont je me rappelle d'avoir
    Bu l'ombre et le breuvage ;

    Les tambours du Morne Maudit
    Battant sous les étoiles
    Et la flamme où pendaient nos toiles
    D'un éternel midi ;

    Rêves d'enfant, voix de la neige,
    Et vous, murs où la nuit
    Tournait avec mon jeune ennui...
    Collège, noir...

  • Ce soir, au réduit sombre où ronfle l'athanor,
    Le grand feu prisonnier de la brique rougie
    Exalte son ardeur et souffle sa magie
    Au cuivre que l'émail fait plus riche que l'or.

    Et sous mes pinceaux naît, vit, court et prend l'essor
    Le peuple monstrueux de la mythologie,
    Les Centaures, Pan, Sphinx, la Chimère, l'Orgie
    Et, du sang de Gorgo, Pégase...

  • Vois ! cette mer si calme a comme un lourd bélier
    Effondré tout un jour le flanc des promontoires,
    Escaladé par bonds leur fumant escalier,
    Et versé sur les rocs, qui hurlent sans plier,
    Le frisson écumeux des longues houles noires.
    Un vent frais, aujourd'hui, palpite sur les eaux,
    La beauté du soleil monte et les illumine,
    Et vers l'horizon pur où...

  • Songeur, dans de beaux rêves t'absorbant,
    La pendule, à l'heure où seul tu médites,
    T'afflige avec ses bruits froids, stalactites
    Du temps qui s'égoutte et pleure en tombant.

    C'est une eau qui filtre en petites chutes
    Et soudain se glace aux parois du coeur ;
    Et cela produit toute une langueur
    L'émiettement de l'heure en minutes.

    Collier...

  • Enfermons-nous mélancoliques
    Dans le frisson tiède des chambres,
    Où les pots de fleurs des septembres
    Parfument comme des reliques.

    Tes cheveux rappellent les ambres
    Du chef des vierges catholiques
    Aux vieux tableaux des basiliques,
    Sur les ors charnels de tes membres.

    Ton clair rire d'émail éclate
    Sur le vif écrin écarlate...