Charles-Marie Leconte de Lisle

  • (Études latines, X)

    Offre un encens modeste aux Lares familiers,
    Phidylé, fruits récents, bandelettes fleuries ;
    Et tu verras ployer tes riches espaliers
    Sous le faix des grappes mûries.

    Laisse, aux pentes d'Algide, au vert pays Albain,
    La brebis, qui...

  • La lune sous la nue errait en mornes flammes,
    Et la tour de Komor, du Jarle de Kemper,
    Droite et ferme, montait dans l'écume des lames.

    Sous le fouet redoublé des rafales d'hiver
    La tour du vieux Komor dressait sa masse haute,
    Telle qu'un cormoran qui regarde...

  • Tandis qu'enveloppé des ténèbres premières,
    Brahma cherchait en soi l'origine et la fin,
    La Mâyâ le couvrit de son réseau divin,
    Et son coeur sombre et froid se fondit en lumières.

    Aux pics du Kaîlaça, d'où l'eau vive et le miel
    Filtrent des verts figuiers et...

  • Je pâlis et tombe en langueur :
    Deux beaux yeux m'ont blessé le coeur.

    Rose pourprée et tout humide,
    Ce n'était pas sa lèvre en feu ;
    C'étaient ses yeux d'un si beau bleu
    Sous l'or de sa tresse fluide.

    Je pâlis et tombe en langueur :
    Deux beaux yeux...

  • Sur la montagne aux sombres gorges
    Où nul vivant ne pénétra,
    Dans les antres de Lipara
    Hèphaistos allume ses forges.

    Il lève, l'illustre Ouvrier,
    Ses bras dans la rouge fumée,
    Et bat sur l'enclume enflammée
    Le fer souple et le dur acier.

    ...

  • Comme le flot des mers ondulant vers les plages,
    Ô bois, vous déroulez, pleins d'arome et de nids,
    Dans l'air splendide et bleu, vos houles de feuillages ;
    Vous êtes toujours vieux et toujours rajeunis.

    Le temps a respecté, rois aux longues années,
    Vos grands...

  • (Études latines, VI)

    En mes coupes d'un prix modique
    Veux-tu tenter mon humble vin ?
    Je l'ai scellé dans l'urne Attique
    Au sortir du pressoir Sabin.
    Il est un peu rude et moderne ;
    Cécube, Calès ni Falerne
    Ne mûrissent dans mon cellier ;
    Mais...

  • Depuis le jour antique où germa sa semence,
    Cette forêt sans fin, aux feuillages houleux,
    S'enfonce puissamment dans les horizons bleus
    Comme une sombre mer qu'enfle un soupir immense.

    Sur le sol convulsif l'homme n'était pas né
    Qu'elle emplissait déjà, mille...

  • (Études latines, XV)

    Ô blanche Tyndaris, les Dieux me sont amis
    Ils aiment les Muses Latines ;
    Et l'aneth, et le myrte et le thym des collines
    Croissent aux prés qu'ils m'ont soumis.

    Viens ! mes ramiers chéris, aux voluptés plaintives,
    Ici se plaisent...

  • Certes, il n'aimait pas à la façon des hommes,
    Avec des tresses d'or, des roses ou des pommes,
    Depuis que t'ayant vue, ô fille de la Mer,
    Le désir le mordit au coeur d'un trait amer.
    Il t'aimait, Galatée, avec des fureurs vraies ;
    Laissant le lait s'aigrir et sécher dans...