Éphraïm Mikhaël

  • Maintenant j'ai revu les moissons oubliées,
    Et, dans la paix des soirs pleins de saines senteurs,
    Les rudes moissonneurs, près des gerbes liées,
    Croisant leurs bras avec des gestes de lutteurs.

    Maintenant j'ai revu les forêts et les plaines
    Et j'ai marché dans...

  • En son manteau d'argent tissé par les prêtresses,
    La vierge s'en allait vers les jeunes cités,
    Et la nuit l'effleurait de mystiques caresses,
    Et le vent lui parlait de longues voluptés.

    Or, c'était en un siècle où les rois faisaient taire
    Les joueurs de syrinx...

  • Tu parlais de choses anciennes,
    De riches jardins somnolents
    Que de nobles musiciennes
    Troublent, le soir, d'échos dolents ;

    Et de chapelles où s'attardent
    Les princesses en oraison ;
    Et de lits féodaux que gardent
    Toutes les bêtes du blason.
    ...

  • C'est un soir calme, un soir de fête.
    En bas, dans le noir, vers Paris
    A peine encore quelque faîte
    D'église perce le soir gris.

    Puis les ombres amoncelées
    Submergent les derniers clochers,
    Et je pense aux mers contemplées
    Autrefois du haut des...

  • Cette nuit, au-dessus des quais silencieux,
    Plane un calme lugubre et glacial d'automne.
    Nul vent. Les becs de gaz en file monotone
    Luisent au fond de leur halo, comme des yeux.

    Et, dans l'air ouaté de brume, nos voix sourdes
    Ont le son des échos qui se meurent...

  • Un calme soir caresse au loin les belles plaines ;
    L'Étoile du Berger, au fond du ciel d'été,
    Comme un signe de gloire et de félicité
    Resplendit sur les prés et sur les granges pleines.

    Grande et droite sous le fardeau des lourdes gerbes,
    Une fille aux pieds nus...

  • Vos cheveux me faisaient rêver au blond Septembre,
    Vos lèvres évoquaient la splendeur du Printemps,
    Et près de vous, ainsi qu'un lointain parfum d'ambre
    Je respirais dans l'air des souvenirs flottants.

    Vos yeux que j'emplissais de mes propres pensées,
    ...

  • Je disais : " Quand viendra la reine que j'attends,
    La grande fiancée aux mains victorieuses,
    Je trouverai des paroles mystérieuses,
    Des mots couleur de ciel, d'aurore et de printemps.

    " Et, comme réveillé d'un sommeil de cent ans
    Par le baiser de ses lèvres...

  • À Rodolphe Darzens.

    L'ennui descend sur moi comme un brouillard d'automne
    Que le soir épaissit de moment en moment,
    Un ennui lourd, accru mystérieusement,
    Qui m'opprime de nuit épaisse et monotone.

    Pourtant nul glorieux amour ne m'a blessé,
    Et c'est...

  • Sous le ciel gris lavé d'opale
    Et qu'un soleil aux rayons lents
    Poudre d'or vaporeux et pâle,
    Elles vont it pas nonchalants ;

    Roses de froid sous les voilettes
    Elles passent, laissant dans l'air
    Une senteur de violettes
    Mourantes, et de blonde chair....