Paul-Jean Toulet

  • Ces premiers froids que l'on réchauffe d'un sarment,
    - Et des platanes d'or le long gémissement,
    - Et l'alcôve au lit noir qui datait d'Henri IV,
    Où ton corps, au hasard de l'ombre dévêtu,
    S'illuminait parfois d'un rouge éclair de l'âtre,
    Quand tu m'aiguillonnais de...

  • Circé des bois et d'un rivage
    Qu'il me semblait revoir,
    Dont je me rappelle d'avoir
    Bu l'ombre et le breuvage ;

    Les tambours du Morne Maudit
    Battant sous les étoiles
    Et la flamme où pendaient nos toiles
    D'un éternel midi ;

    Rêves d'enfant, voix...

  • A Londres je connus Bella,
    Princesse moins lointaine
    Que son mari le capitaine
    Qui n'était jamais là.

    Et peut-être aimait-il la mangue ;
    Mais Bella, les Français
    Tels qu'on le parle : c'est assez
    Pour qui ne prend que langue ;

    Et la tienne vaut...

  • J'ai beau trouver bien sympathique
    Feu Loufoquadio,
    Ses Japs en sucre candiot,
    Son Bouddha de boutique ;

    Faime mieux le subtil schéma,
    Sur l'hiver d'un ciel morne,
    De ton aérien bicorne,
    Noble Foujiyama,

    Et tes cèdres noirs, et la source...

  • Longtemps si j'ai demeuré seul,
    Ah ! qu'une nuit je te revoie.
    Perce l'oubli, fille de joie,
    Sors du linceul.

    D'une figure trop aimée,
    Est-ce toi, spectre gracieux,
    Et ton éclat, cette fumée
    Devant mes yeux ?

    Ta pâleur, tes sombres...

  • Vous qui retournez du Cathai
    Par les Messageries,
    Quand vous berçaient à leurs féeries
    L'opium ou le thé,

    Dans un palais d'aventurine
    Où se mourait le jour,
    Avez-vous vu Boudroulboudour,
    Princesse de la Chine,

    Plus blanche en son pantalon...

  • Sur le canal Saint-Martin glisse,
    Lisse et peinte comme un joujou,
    Une péniche en acajou,
    Avec ses volets à coulisse,
    Un caillebot au minium,
    Et deux pots de géranium
    Pour la Picarde, en bas, qui trôle.
    ..............................
    Je rêve d'un...

  • Toi qu'empourprait l'âtre d'hiver
    Comme une rouge nue
    Où déjà te dessinait nue
    L'arôme de ta chair ;

    Ni vous, dont l'image ancienne
    Captive encor mon coeur,
    Ile voilée, ombres en fleurs,
    Nuit océanienne ;

    Non plus ton parfum, violier
    ...

  • De tout ce gala de province
    Où l'on donnait Manon,
    Je ne revois plus rien sinon
    Ta forme étrange, et mince ;

    Et lorsqu'à ce duo troublant
    Tes yeux me firent signe,
    Frissonner le frimas d'un cygne
    Sur ton bel habit blanc ;

    Sinon ton frère sur le...

  • Le temps irrévocable a fui. L'heure s'achève.
    Mais toi, quand tu reviens, et traverses mon rêve,
    Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève,
    Tes yeux plus clairs.

    A travers le passé ma mémoire t'embrasse.
    Te voici. Tu descends en courant la terrasse...