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    Le soleil se couchait et sur l’onde immobile
    Laissait traîner au loin sa crinière de feu ;
    Nul souffle n’agitait la mer vaste et tranquille ;
    Le ciel était limpide, et sous le dôme bleu
    L’Océan s’étendait calme et grand comme Dieu.

    La nature écoutait ou priait en silence,
    Et rien n’osait troubler sa muette oraison ;
    Et la brume effaçait le...

  • Sur les rocs, comme au ciel, le monarque du feu
    Se donne, ici, libre carrière.
    L’œil cuit, caché sous la paupière,
    Aux fulgurants reflets du grisâtre et du bleu.

    Fourmillements d’éclairs de miroirs...


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    O poëte niais ! pauvre arrangeur de rimes,
    Tu veux chanter, dis-tu, mais qui t’écoutera ?
    Eh ! les vers aujourd’hui se débitent en primes ;
    On en fait à la toise et nul ne les lira.

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    Soleil ! soudard plaqué d’ordres et de crachats,
    Planteur mal élevé, sache que les Vestales
    À qui la Lune, en son équivoque œil-de-chat,
    Est la rosace de l’Unique Cathédrale,

    Sache que les Pierrots, phalènes des dolmens
    Et des nymphéas blancs des lacs où dort Gomorrhe,
    Et tous les bienheureux qui pâturent l’Éden
    Toujours printanier des...

  • Vers le soleil s'en vont ensemble
    Mes pensées, divines soeurs.
    Elles chantent ; l'air pâle en tremble
    Comme s'il y tombait des fleurs.

    Une s'attarde la dernière,
    Tristement, au bord du chemin
    D'où monte l'âme du matin
    Et la rosée à la lumière.

    Celle-là qui s'évanouit,
    Au fond de ses larmes mortelles,
    Ne chante pas, mais c'...

  • Veilles-tu, ma senteur de soleil,
    Mon arôme d'abeilles blondes,
    Flottes-tu sur le monde,
    Mon doux parfum de miel ?

    La nuit, lorsque mes pas
    Dans le silence rôdent,
    M'annonces-tu, senteur de mes lilas,
    Et de mes roses chaudes ?

    Suis-je comme une grappe de fruits
    Cachés dans les feuilles,
    Et que rien ne décèle,
    Mais qu'...

  • Vous avez pris pitié de sa longue douleur !
    Vous me rendez le jour, Dieu que l'amour implore !
    Déjà mon front couvert d'une molle pâleur,
    Des teintes de la vie à ses yeux se colore ;
    Déjà dans tout mon être une douce chaleur
    Circule avec mon sang, remonte dans mon coeur
    Je renais pour aimer encore !

    Mais la nature aussi se réveille en ce jour !
    Au...

  • Roi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d'or,
    Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée,
    Abandonna l'espace à ton rapide essor,
    Et traça dans l'azur ta route accoutumée ?
    Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ;
    Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent ;
    La lune devant toi fuit d'un pas inégal,
    Et ses rayons douteux dans les flots...

  • Si j'ose comparer le déclin de ma vie
    A ton coucher sublime, ô Soleil ! je t'envie.
    Ta gloire peut sombrer, le retour en est sûr :
    Elle renaît immense avec l'immense azur.
    De ton sanglant linceul tout le ciel se colore,
    Et le regard funèbre où luit ton dernier feu,
    Ce regard sombre et doux, dont tu couves encore
    Le lys que ta ferveur a fait naguère...