• Madame, en ce jour si beau
    Qui vous annonce un an nouveau,
    Je vous souhaite de bonnes années,
    Des jours de soie et d’or filés,
    Et surtout en votre vieillesse
    De bons enfants et des richesses.
    Ainsi, madame, pour en finir,
    C’est avec bien du plaisir
    Que je...

  • Oh ! votre œil est timide et votre front est doux.
    Mais quoique, par pudeur ou par pitié pour nous,
    Vous teniez secrète votre âme,
    Quand du souffle d’en haut votre cœur est touché,
    Votre cœur, comme un feu sous la cendre caché,
    ...

  • Dieu défend d'oublier les petits ici-bas.
    La fleur qui, dans l'herbier, doucement se dessèche,
    Rend grâces à celui qui la vit sous ses pas,
    La cueillit au passage, et la mit dans l'eau fraîche.

    Ma brunette Margot, que Balzac n'aime pas,
    Est là, le coeur battant, prête à mordre à sa pêche.
    (Dites-moi son idée et ce qui l'en empêche.)
    Puis voici Béatrix...

  •                            VI

    Ce que j'ai fait est bien. J'en suis puni. C'est juste.
    Vous qui, dans l'affreux siège et dans l'épreuve auguste,
    Fûtes vaillante, calme et charmante, bravant
    Cette guerre hideuse et ce noir coup de vent,
    Belle âme que le ciel fit sœur d'une âme haute,
    Femme du penseur fier et doux, dont j'étais l'hôte,...

  • Le son de votre voix, Madame, est bien pareil
    À un rayon de ciel — et qui ne le sait pas,
    D’où vient-il, le rayon? Il nous vient du soleil,
    Source de lumière, que Dieu nous dévoila.

    Mais c’est l’autre source, qu’il nous tient en secret.
    Où est le reservoir des mélodieux rayons —
    C’est un mystère sacré et nul ne le sait,
    Où se trouve la source et le...

  •  
        Oh ! que la vie est longue aux longs jours de l’été,
    Et que le temps y pèse à mon cœur attristé !
    Lorsque midi surtout a versé sa lumière,
    Que ce n’est que chaleur et soleil et poussière ;
    Quand il n’est plus matin et que j’attends le soir,
    Vers trois heures, souvent, j’aime à vous aller voir ;
    Et là vous trouvant seule, ô mère et chaste épouse...

  • Vous étiez gaie, on dit très bien, comme un pinson,
    Vous étiez vive, on dit aussi, comme la poudre ;
    Et votre voix, avec les éclats de la foudre,
    Avait l’accent léger d’une jeune chanson !

    Oui, gaie et vive, ainsi qu’un soldat fier garçon
    Qui va danser au bal, la veille d’en découdre,
    Et… française, pareille au grondement des foudres,
    D’une...

  •  

    Le jour où cet époux, comme un vendangeur ivre,
    Dans son humble maison t'entraîna par la main,
    Je m'assis à la table où Dieu vous menait vivre,
    Et le vin de l'ivresse arrosa notre pain.

    La nature servait cette amoureuse agape ;
    Tout était miel et lait, fleurs, feuillages et fruits,
    Et l'anneau nuptial s'échangeait sur la nappe,
    Premier...

  •  
    Comme Dieu dans le sein des mers mystérieuses
    A dérobé la perle aux yeux des matelots,
    J’ai, dans mon âme, loin des foules curieuses,
    Enfoui mon amour et caché mes sanglots.

    Oh ! de mon cœur blessé le douloureux mystère,
    Madame, à vos regards restera toujours clos ;
    La fleur de mon amour s’éteindra, solitaire,
    Beau lis que le soleil n’aura...

  •  
    « I love not man the less but nature more ! »
    (BYRON.)

    Oh ! non, vous vous trompez, la solitude est sainte !
    Votre fils est heureux sous l’arbre de l’enceinte,
    Quand il entend le chant de nos rouges moqueurs,
    Harmonie enivrante et faite pour nos cœurs,
    Oh ! ne répétez point ces amères paroles :
    Vous ne connaissez point nos...