Les vieux hôtels qu’avaient respectés les années
Sous les coups des maçons tombent de toutes parts.
Ils gisent sur le sol, & leurs débris épars
Ont l’aspect douloureux des choses ruinées.

Comme leurs habitants ils ont leurs destinées ;
Leurs murs, que...

Poet: Gabriel Marc

Je porte en moi l’âme du Monde,
L’âme du magnifique & vivant Univers,
Ame mobile, âme féconde
Où des...

Son nom ?… — Tu veux savoir s’il fut illustre ou non ?
Eh bien ! je ne sais pas. Que peut te faire un nom ?
Personne sur son front n’inscrit le nom qu’il porte.
C’était un homme, avec un nom ; mais que t’importe ?
— Sa race ? — Laissons là, crois-moi, tous ses aïeux....

Poet: Léon Dierx

Ami, tu verras à Venise,
Dans la cour du palais ducal,
Ciselés d’une main exquise,
Deux puits revêtus de métal.

C’est là que, sveltes, court-vêtues,
Tout le jour les porteuses d’eau,
En découvrant leurs jambes nues,
Plongent & retirent leur seau....

Quand le canot partit, en laissant un frisson
Aux feuillages du bord qui pendaient sur l’eau claire,
Elle chantait un air indolent de chanson,
Et nos voix répétaient le refrain populaire.

Elle semblait, dans son costume rouge & noir,
Vêtue étrangement &...

Dans les siècles de foi, surtout dans les derniers,
La grand’ danse macabre était fréquemment peinte
Au vélin des missels comme aux murs des charniers.

Je crois que cette image édifiante & sainte
Mettait un peu d’espoir au fond du désespoir,
Et que les pauvres...

Les Mongols sont entrés dans les marches dalmates.
L’air est plein d’un parfum chaleureux d’aromates
A cause des forêts dont on a vu, trois jours,
Les arbres résineux fumer sous les cieux lourds ;
Et la plaine est en feu, vignes, blés & sésames,

Car les diables...

Toi qui devrais bondir sur la mer, ô frégate !
À travers la mitraille & les flots irrités,
Quel triste sort te rive aux pierres des cités,
Et te pend une enseigne au front, comme un stigmate ?

Morne, ainsi qu’un oiseau retenu par la patte,
Tu regrettes l’azur...

Poet: Gabriel Marc

L’impérissable orgueil de mon cœur vient de celle
Qui daigna sur mon cœur poser son pied divin
Très-fort & très-longtemps, afin qu’il se souvînt :
— Depuis, je n’ai connu la douleur que par elle.

Car j’ai souffert des maux qu’elle n’espérait pas.
Fier du sillon...

La lisière du bois suit le petit chemin
D’ocre jaune, où tout pli rit d’une graminée.
La pente, pleine d’air, est comme illuminée
D’un lever d’ailes d’or, de soufre & de carmin.

Vrilles des liserons glissant leur verte main,
Éphémères d’un soir ou d’une matinée...