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    Sur le divan, pareille à la noire panthère
    Qui se caresse aux feux du soleil tropical,
    Dans un fauve rayon enveloppant le bal,
    Elle emplit de parfums le boudoir solitaire.
    Elle rêve affaissée au milieu des coussins ;
    Et sa narine s'enfle, et se gonflent ses seins
    Au rythme langoureux de la valse lointaine.
    Les rires étouffés, les longs...

  • Ce bonhomme ne défumait
    De toute la sainte journée ;
    Vous eussiez dit son calumet
    Une petite cheminée.
    Or, voilà qu’un jour l’aborda
    Un des membres de cette ligue,
    Qui, contre l’abus du tabac
    Inutilement se fatigue :
    « Eh bien ! monsieur, — dit celui-ci
    Le nouvel impôt que voici
    Doit vous embêter, et pour cause.
    N’est-ce pas l’...

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    Que la cariatide, en sa lente révolte,
    Se refuse, enfin lasse, à porter l’archivolte
    Et dise : C’est assez !
    Victor Hugo, Les Voix intérieures.

    C’est le réveil, le déchaînement et la vengeance des cariatides.
    Victor Hugo, Le Rhin, lettre XXIV.

    Puisse le Dieu vivant dessécher la paupière
    À qui m’a mise là...

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    Quand la centième année aggrava les vieux ans
    D'Abraham (ainsi tombe une gerbe à la meule),
    Sara fut mère enfin dans son âge d'aïeule,
    Les Eloïm ayant béni ses flancs pesants.

    « — Le Verbe du Seigneur, ô pasteur de chamelles,
    « Germa durant neuf mois en mon ventre élargi,
    « Et voici que ta race innombrable a vagi
    « Dans le cri de l'enfant qui...

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    POURSUIVRE ce qui fuit, rêver ce qu’on ignore,
    S’ouvrir une blessure impossible à guérir,
    Hâter la trahison que garde l’avenir
    A ceux que l’idéal implacable dévore ;

    Fuir ce qu’on peut aimer, chercher ce qu’on adore,
    Ce qui peut-être est mort ou vous fera mourir,
    C’est folie et pitié I Car nul ne sait encore
    Si le bien de savoir vaut le mal de...

  • Quand j’ pass’ triste et noir, gn’a d’quoi rire.
    Faut voir rentrer les boutiquiers
    Les yeux durs, la gueule en tir’lire,
    Dans leurs comptoirs comm’ des banquiers.

    J’ les r’luque : et c’est irrésistible.
    Y s’ caval’nt, y z’ont peur de moi,
    Peur que j’ leur chopp’ leurs comestibles,
    Peur pour leurs femm’s, pour je n’ sais quoi.

    Leur conscienc’...

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    Hourrah !
    Mes tempes ruissellent,
    Mes yeux étincellent.
    Mes jambes chancellent.

    Hourrah !
    L’ivresse s’augmente,
    La bière écumante
    Dans les brocs fermente.

    Hourrah !
    Près de moi tout roule,
    Et le vent enroule
    Le plafond qui croule.
    Hourrah ! hourrah ! hourrah !

    A boire ! à boire ! à...

  • L'Orient jaillit comme un fleuve ;
    La lumière coule à long flot,
    La terre lui sourit et le ciel s'en abreuve,
    Et de ces cieux vieillis l'aube sort aussi neuve
    Que l'aurore du jour qui sortit du Très-Haut.

    Soleil, voile de feu dont ton maître se couvre,
    Quand tu reviens frapper les voûtes de la nuit,
    Le firmament résonne et l'espace s'entr'ouvre,...

  • Harpagon qui veillait son père agonisant,
    Se dit, rêveur, devant ces lèvres déjà blanches :
    « Nous avons au grenier un nombre suffisant,
    Ce me semble, de vieilles planches ? »

    Célimène roucoule et dit : « Mon cœur est bon,
    Et naturellement, Dieu m’a faite très-belle. »...

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    Des vastes forêts la splendeur m’enchante ;
    J’aime à contempler les sommets al tiers.
    Rien ne vaut pourtant la grâce touchante
    De la fleur qui luit au bord dus sentiers.

    O caps entassés dont l’orgueil se mire
    Dans les flots profonds du noir Sagnenay !
    Falaises à pic que la foule admire !
    Rocher que la foudre a découronné !

    Promontoires...