• L’eau coule dans la boue et dans le bois, après
    la pluie. C’est maintenant que sont trempés les prés.
    Les merles vivent dans l’humidité des gaules
    qui servent à faire les paniers, gaules jaunes.
    J’ai bu au tuyau de fer de la source douce
    entouré de mousse en soleil transparent et de rouille.
    Je t’aurais aimée là, autrefois, près de la mousse,
    parce...

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    I. ― LES RIVIÈRES

    Te rappelles-tu nos calmes rivières
    Qui se répandaient, limpides et fières,
    A travers les champs fleuris de houblons,
    Dans le beau pays où les toits sont blonds.
    Te rappelles-tu nos rivières lentes
    Qui traînaient au loin leurs eaux indolentes,
    Tristes de quitter un si doux climat.
    A peine une barque avec un long mât...

  • À Henri Ghéon.

    Parmi l’arbre, la brise berce
    La vipère que je vêtis ;
    Un sourire, que la dent perce
    Et qu’elle éclaire d’appétits,
    Sur le Jardin se risque et rôde,
    Et mon triangle d’émeraude
    Tire sa langue à double fil…
    Bête que je...

  • L’écartement des bras m’est cher, presque plus cher
    Que l’écartement autre :
    Mer puissante et que belle et que bonne de chair,
    Quel appât est la vôtre !

    O seins, mon grand orgueil, mon immense...

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    À M. Ambroise Didot.

    On rencontre parfois des hommes dans la vie ;
    J’en ai vu quelques-uns dans notre âge de fer ;
    Pas une haine au cœur, pas une ombre d’envie,
    Et le monde ignorait ce qu’ils avaient souffert.

    Un front vieilli trop jeune et des lèvres plissées
    N’avaient pas enlaidi d’un faux sourire amer
    Leur visage éclairé par de...


  • ...

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    Ils étaient innocents, oui ; mais il fallait bien
    Qu’on n’eût pas érigé ce tribunal pour rien.

    D’ailleurs, c’est entendu, quand l’homme s’émancipe,
    On doit toujours sévir pour sauver le principe.
    Redresser les griefs, reconnaître son tort,
    C’est très bien ; mais il faut des exemples d’abord !

    Parmi les prisonniers d’élite on en prit douze ;
    ...

  • C’était fini. Splendide, étincelant, superbe,
    Luisant sur la cité comme la faulx sur l’herbe,
    Large acier dont le jour faisait une clarté,
    Ayant je ne sais quoi dans sa tranquillité
    ...

  •  
    Tu ne sais pas, Clary, quand, heureuse, ravie,
    Tu me tends ton épaule et ton front tour à tour,
    Que dans la double coupe où je puise la vie
    Il est un autre goût que celui de l’amour…
    Ô ma chère Clary, tu ne sais pas sans doute
    Qu’il est derrière nous un funèbre Échanson
    Dont la main doit verser d’abord, goutte par goutte,
             Dans tout...

  • J’ai crié dans la solitude :
    « Mon chagrin sera-t-il moins rude,
    Un jour, quand je dirai son nom ? »
     
    Et l’écho m’a répondu : « Non. »
     
    « Comment vivrai-je, en la détresse
    Qui m’enveloppe & qui m’oppresse,
    Comme fait au mort son linceul ? »
     
    Et l’écho m’a répondu : « Seul ! »

    « Grâce ! le sort est trop sévère !
    ...