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    J’ai vu des hardes surannées
    Dans la boutique d’un fripier ;
    Telle sera, dans peu d’années,
    Ma pauvre gloire de papier.

    On me lit. Soit. J’en ai des preuves
    On réimprime encor mes vers.
    J’apprends, par les paquets d’épreuves,
    eue mes lauriers sont toujours verts.

    Mais, hélas ! tout passe et tout lasse.
    Les meilleurs et les plus...

  • Desires-tu savoir à quoi je parangonne
    Le fuseau de tes ans ? Au savon blanchissant
    Soufflé par un tuyau de paille jaunissant,
    Dont un fol enfançon ses compagnons étonne ;

    En son lustre plus beau sa gloire l’abandonne,
    Au moindre choc de l’air, fragile, se froissant ;
    Ainsi devers le soir va la fleur ternissant,
    Qui, sur le point du jour vermeillement...

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    I

    Comme tout jeune cœur encor vierge de fiel,
    J’ai demandé d’abord ma poésie au ciel.
    Hélas ! Il n’en tomba qu’une réponse amère !
    Pauvre fou, cria-t-il, que la pensée altère,
    Toi qui, haussant vers moi tes deux lèvres en feu,
    Cherches, comme un peu d’eau, le pur souffle de Dieu,
    Oh ! De moi...

  •  

    À Leconte de Lisle.

    Quel est le but de tant d’ennuis ?
    Nous vivons fiévreux, haletants,
    Sans jouir des fleurs au printemps,
             Du calme des nuits.

    Pourquoi ces pénibles apprêts,
    Ces labeurs que le doute froid
    Traverse, où nous trouvons l’effroi ?
             Pour mourir après ?

    Mais non. L’éternelle beauté...

  • Comme la vie est faite ! et que le train du monde
    Nous pousse aveuglément en des chemins divers !
    Pareil au Juif maudit, l’un, par tout l’univers,
    Promène sans repos sa course vagabonde ;

    L’autre, vrai docteur Faust, baigné d’ombre profonde,
    Auprès de sa croisée étroite, à carreaux verts,
    Poursuit de son fauteuil quelques rêves amers,
    Et dans l’âme...

  • Il est des maux sans nom, dont la morne amertume
    Change en affreuses nuits les jours qu’elle consume.
    Se plaindre est impossible ; on ne sait plus parler ;
    Les pleurs même du cœur refusent de couler.
    On ne se souvient pas, perdu dans le naufrage,
    De quel astre inclément s’est échappé l’orage.
    Qu’importe ? Le malheur s’est étendu partout ;
    Le passé n’...

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    AIDE-MOI ! Le chemin est rude et je suis lâche.
    Depuis longtemps, je suis parti vers la Beauté,
    Mais, faible, je recule et j’ai tant hésité
    Que je n’ai rien encore accompli de ma tâche.

    Je désespère ! Au lieu d’espérer, je me fâche.
    Toujours j’ai le remords d’avoir trop peu monté ;
    Et, sur ce chemin long comme l’éternité,
    Je m’assieds, et je...

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    Il faisait nuit ; le ciel sinistre était sublime ;
    La terre offrait sa brume et la mer son abîme.
    Voici la question qui se posait devant
    Des hommes secoués par l'onde et par le vent :
    Faut-il fuir le détroit d'Euripe ? Y faut-il faire
    Un front terrible à ceux que le destin préfère,
    Et qui sont les affreux conquérants sans pitié ?
    Ils ont une...

  • III

    Charle ! Charle ! ô mon fils ! quoi donc ! tu m'as quitté
    Ah ! tout fuit ! rien ne dure !
    Tu t'es évanoui dans la grande clarté
    Qui pour nous est obscure.

    Charles, mon couchant voit périr ton orient.
    Comme nous nous aimâmes !
    L'homme, hélas ! crée, et rêve, et lie en souriant
    Son âme à d'autre âmes ;

    ...

  • Heureux ceux que l’amour, que le travail unit :
    La Providence les bénit.

    Dans le creux d’un vieux mur, et languissante et frèle,
    Se lamentait d’une voix grêle
    ...