Desires-tu savoir à quoi je parangonne
Le fuseau de tes ans ? Au savon blanchissant
Soufflé par un tuyau de paille jaunissant,
Dont un fol enfançon ses compagnons étonne ;
En son lustre plus beau sa gloire l’abandonne,
Au moindre choc de l’air, fragile, se froissant ;
Ainsi devers le soir va la fleur ternissant,
Qui, sur le point du jour vermeillement fleuronne.
L’ombre est tantôt ici, et puis soudainement
Elle s’évanouit ; ainsi légèrement
S’enfuit la vie humaine, inconstante et volage.
Aveugle, cependant, sur tes jours passagers
Tu fondes ton espoir, qui passent plus légers
Que ne fait le savon, ni la fleur, ni l’ombrage.