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    Inspire-moi des vers dignes de toi, patrie,
    Grandioses et purs comme tes pics déserts,
    Riants et colorés comme la rêverie
    Qui s’empare de nous sur tes alpages verts !

    Le temps s’est écoulé, jetant son ombre immense
    Sur les siècles tombés au gouffre du néant
    Et dont le cours nouveau sans cesse recommence,
    Brisant les nations sous son pas de...

  • À L’HOMME D’AUJOURD’HUI

    Songe au monde et sois fier, toi qui vis en ce temps.
    Il vibre, exulte et bat, selon ton cœur battant ;
    Il accepte ton rythme et jamais ta pensée
    Ne s’est aussi humainement divinisée.

    Les Dieux ne sont plus rien ou sont ce que tu es ;
    Leur infini s’ébranle au vent de tes projets ;...


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  • C’est l’hiver. L’âpre hiver, et la tempête embouche
    Des grands vents boréaux la trompette farouche.
    Dans la rafale, au loin, la neige à flots pressés
    Roule sur le désert ses tourbillons glacés,
    Tandis que la tourmente ébranle en ses colères
    Les vieux chênes rugueux et les pins séculaires.

    L’horrible giboulée aveugle ; le froid mord ;
    La nuit s’...

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           La Déesse aux cent voix bruyantes
    A du séjour sacré des âmes innocentes
           Percé les ténébreux chemins.
    Là, du jeune La Barre un bois triste et nocturne
    Voit à pas lents errer loin de tous les humains
           L’ombre superbe et taciturne.
           La Nymphe ailée auprès de lui
    Descend : « Viens, lui dit-elle, il est temps que ta haine...

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    À Mme la Comtesse Marie Krasicka.

    Toi qui n’ouvres les bras qu’au désir des rebelles
    Et qui, malgré les ans, frémis d’avoir nourri
    Du lait riche en ferment de tes sombres mamelles
    Eschyle, Michel Ange et Dante Alighieri,

    Au fils d’un siècle ingrat ne voile pas ta face
    Ni du temple éternel ne lui défends l’accès ;
    Il ne...

  • À la beauté du Ciel votre beauté j'égale :
    Le Ciel en sa rondeur toute forme contient,
    Et par son mouvement crée, émeut et maintient ;
    De semblables effets vous êtes libérale.

    Car votre belle vue admirable et fatale
    Crée en nous les amours, les garde et Ies soutient,
    Et tant de beaux pensers dont l'esprit s'entretient,
    Ont leur mouvement d'elIe et...

  • À la Bidassoa, près d’entrer en Espagne,
    Je descendis, voulant regarder la campagne,
    Et l’île des Faisans, et l’étrange horizon,
    Pendant qu’on nous timbrait d’un nouvel écusson.
    Et je vis, en errant à travers le village,
    Un homme qui mettait des balles hors d’usage,
    Avec un gros marteau, sur un quartier de grès,
    Pour en faire du plomb et le revendre...

  • Si j’étais une fleur, j’ouvrirais mon calice,
    Et répandrais pour toi mes parfums les plus chers ;
    Abeille, au fond des prés, sur les coteaux déserts,
    J’irais chercher la plante au plus doux miel propice ;

    Rossignol, je voudrais à l’heure où le soir glisse,
    À l’heure du berger, parmi les rameaux verts,
    Poète ailé des bois, exhaler dans les airs,...

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    Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
    Et ma voile de soie et mon jardin de lys,
    Ma cassolette d’or et ma blanche colonne,
    Mon parc et mon étang de roseaux et d’iris.

    Vous êtes mes parfums d’ambre et de miel, ma palme,
    Mes feuillages, mes chants de cigales dans l’air,
    Ma neige qui se meurt d’être hautaine et calme,
    Et mes algues et mes...