A la bien-aimée

Si j’étais une fleur, j’ouvrirais mon calice,
Et répandrais pour toi mes parfums les plus chers ;
Abeille, au fond des prés, sur les coteaux déserts,
J’irais chercher la plante au plus doux miel propice ;

Rossignol, je voudrais à l’heure où le soir glisse,
À l’heure du berger, parmi les rameaux verts,
Poète ailé des bois, exhaler dans les airs,
Un chant d’où la tendresse en purs accents jaillisse.

Je ne suis pas l’abeille ou le calice d’or ;
Je ne saurais t’offrir, comme un riant trésor,
Ni frais parfums, ni miel à la saveur exquise…

Mais mon amour ressemble au tendre oiseau chanteur :
Comme le rossignol qui chante dans la brise,
Entends l’oiseau d’amour qui chante dans mon cœur !

Collection: 
1889

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Au déclin du jour, jeune fille,
Lorsqu'au balcon tu viens t'asseoir,
Derrière l'épaisse charmille,
Moi je me cache pour te voir.
Tendre interprète de ma flamme,
Chaque voix du soir, à son tour,
Ne vient-elle pas, ô chère âme !
En cet instant...

Seize ans vous couronnent de roses :
Toutes les grâces du printemps
Sur vos traits charmants sont écloses
Comme des bouquets éclatants.

Vous avez la rose à la joue,
Et chacune offre tour à tour
Une fraîche touffe où se joue
L’innocence près de l'amour...

O maître souverain ! Dieu de la poésie,
Dont la lyre régna sur le monde enchanté,
Tu meurs ! — Mais de ta gloire éclatante et choisie,
L'astre se lève au ciel de la postérité.

Désormais, à l'abri des retours de l'envie,
Ton nom prend un reflet d'éternelle clarté :...

Ici bas !

L'horreur règne ici bas... Dieu, tout fort qu'il se nomme,
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Qui ne fut teint du sang en retournant aux cieux !

L'arrêt irrévocable

Éternel...

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Tandis...