• Vivant, cet homme était une âme basse & vile :
    Il avait insulté, calomnié, menti,
    Vendu sa conscience & trahi son parti ;
    Ses mains gardaient le sang de la guerre civile.

    Rien n’avait fatigué sa lâcheté servile.
    Le mépris sur son nom s’était apesanti,
    Et, debout sous la honte, il n’avait rien senti.
    Nul ne saluait plus l’infâme par la ville....

  •  
    ― Une voile ! une voile !...

                                     À ce long cri de joie
    Que chaque écho sonore à l’autre écho renvoie,
    Un double cri parti de deux points divergents,
    Défi des assiégés, hourra des assiégeants,
    Clameurs à tous les cœurs par l’espoir arrachées,
    Répondit coup sur coup des murs et des tranchées.
    - Sauvés ! s’écriait-on...

  •  
    Combien ai-je de fois, le front mélancolique,
    Baisé pieusement ta touchante relique,
    Ô Montcalm ! ce drapeau témoin de tant d’efforts,
    Ce drapeau glorieux que chanta Crémazie,
    Drapeau qui n’a jamais connu d’apostasie,
    Et que la France, un jour, oublia sur nos bords !

    Devant ces plis sacrés troués par les tempêtes
    Qui tant de fois jadis ont...

  •  
    Loin de tout ce qui brille et de tout ce qui tente,
    Un brave petit peuple avait planté sa tente
    Au désert, sur les bords de grands prés giboyeux,
    Pour labourer le sol où chassaient leurs aïeux.

    Bons, paisibles, naïfs, ne lisant qu’au grand livre
    De Dieu, ne demandant rien que le droit de vivre
    Et mourir à l’abri de toute agression,
    Ils...

  •  
    Peut-être alors ces Rois du lointain avenir,
    Dédaigneux des clameurs et des fouies trompées,
    Laissant la colère aux voix de bronze barrir
    Et siffler sur leurs fronts l’haleine des épées,
    Formes par l’ascétisme inique enveloppées,
    S’enfermeront dans le silence pour mourir.

    Mais peut-être l’un d’eux, vainement outragé,
    Qui sera le plus grand...

  •  
    I

    C’est encore une année en fuite et qui s’enfonce,
    Et qui va s’éteignant dans l’âtre avec la cendre ;
    La chambre se recueille et toute elle se fonce ;
    Et les reflets, dans le miroir, semblent descendre.

    La bûche lentement dans l’âtre se consume ;
    La chambre songe, encore un peu enluminée
    Par la bûche qui est déjà presque posthume,
    ...

  • Mes souvenirs sont si nombreux
    Que ma raison n'y peut suffire.
    Pourtant je ne vis que par eux,
    Eux seuls me font pleurer et rire.
    Le présent est sanglant et noir ;
    Dans l'avenir qu'ai-je à poursuivre ?
    Calme frais des tombeaux, le soir !...
    Je me suis trop hâté de vivre.

    Amours heureux ou malheureux,
    Lourds regrets, satiété pire,
    ...

  • Or, le sage, parti dès son adolescence
    Pour juger les flambeaux qui le devaient guider,
    Savait à quel néant marche la connaissance
    Et confondait la vérité d'une croyance
    Avec l'or, qui vaudra ce qu'on a décidé.

    Les dieux que la pensée humaine, en son ornière,
    Conçut et projeta dans le calme irréel,
    Les dieux dont elle attend un rayon de lumière...

  • Quand l'être cher vient d'expirer,
    On sent obscurément la perte,
    On ne peut pas encor pleurer :
    La mort présente déconcerte ;

    Et ni le lugubre drap noir,
    Ni le dies irae farouche,
    Ne donnent forme au désespoir :
    La stupeur clôt l'âme et la bouche.

    Incrédule à son propre deuil,
    On regarde au fond de la tombe,
    Sans rien comprendre à...

  • Quand je mourrai, ce soir peut-être,
    Je n'ai pas de jour préféré,
    Si je voulais, je suis le maître,
    Mais... ce serait mal me connaître,
    N'importe, enfin, quand je mourrai.

    Mes chers amis, qu'on me promette
    De laisser le bois... au lapin,
    Et, s'il vous plaît, qu'on ne me mette
    Pas, comme une simple allumette,
    Dans une boîte de sapin ;...