Sébastien-Charles Leconte

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    PAROLE DE SONGE

    O Foudroyé, tombé des gloires de tes cieux,
    Tentateur des parvis sans ombre, audacieux !
    Qui voulus reculer les limites du rêve,
    Et déplacer, d’un bras que tu savais mortel,
    Sur le sable inconnu de la dernière grève,
    Les piliers...

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    O Toi dont nul mortel n’a soulevé les voiles,
    Dont nul porteur de Dieux, nul ravisseur d’étoiles
    N’a vu frémir encor la vierge nudité,
    Vers qui, du fond des temps, monte, jamais lassée,
    Par l’ouragan des jours, comme un aigle, bercée,
    Toute notre espérance...

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    Pour Madame Delarue-Mardrus.

    Aujourd’hui notre terre est une nef, que guide
    L’équipage invisible et muet à la fois
    Des forces sans regards et des aveugles lois,
    Et que couvre une foule anxieuse et timide.

    Comme un...

  • Quand je m’endormirai sous la splendeur des astres,
    Mes strophes flamboieront auprès de mon cercueil ;
    Les torchères de fer de mon farouche orgueil
    Jetteront dans le vent la pourpre des désastres ;

    Et les aigles du Verbe, apaisant leur essor,
    Grouperont leurs...

  • Le désert est immense : une houle de pierres
    Vers le septentrion déferle en blanchissant,
    Et le jour acéré, qui brûle les paupières,
    Sur le roc calciné tombe resplendissant.

    C’est l’heure où le Touran, sol d’argile et de braise,
    Dans l’air mat où seul vibre un...

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    Pour Pierre de Bouchaud.

    Sur quelles mers, sous quels caps de l’infini sombre,
    La flotte des soleils, aux pavois bardés d’or,
    Eteindra-t-elle enfin ses feux, sanglants encor
    Des suprêmes combats livrés aux Dieux de l’...

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          Les tisseuses d’ombre, au ciel taciturne,
          Ont tramé de deuil les franges du soir.
    Parmi l’inexpliqué de mon songe nocturne,
    Tranquille et souriant, je suis venu m’asseoir.

          J’ai franchi sans peur des portes étranges
          Dont l’arche...

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    De quels pôles viens-tu, Souffle ! âme du Poème ?
    Noir ouragan lyrique où la nuée essaime
          Par vols de strophes en fureur,
    O sombre esprit de l’Ode, ô chevaucheur d’orages !
    Dont l’ombre, épouvantant des océans sans plages
          Plane sur des eaux de...

  • O toi vers qui mes sens allaient sans te connaître,
    Tyran tant désiré qu’appelait tout mon être,
    Par mon sang lourd d’amour si longtemps attendu,
    Quand j’ai crié, vers toi qu’adorait mon génie,
    ...

  • LE SOIR DE LA BATAILLE,
    SUR LES GRÈVES DE L’ÎLE.

     
    FEMMES D’ATHÈNES RÉFUGIÉES A SALAMINE.
    LES GUERRIERS.
    LES MARINS.
    LES CHEFS DU PEUPLE.
    UN POÈTE.

    Apollon à portes ouvertes
    Laisse indifféremment cueillir
    Les...